Arthur Rimbaud, le poète / Accueil > Iconographie > La correspondance > Ultissima verba 

 

 

 

 

 

 

 

 

les Gatti : des comédiens italiens ? un café de Londres ? 
Tronche : surnom de Cabaner, d'après Pakenham (424)
L'Acadême : "L'Académie de l'absinthe", café de la bohème parisienne

 

 

Ultissima verba
 


Épris d'absinthe pure et de philomathie
Je m'emmerde et pourtant au besoin j'apprécie
Les théâtres qu'on peut avoir et les Gatti.
"Quatre-vingt-treize" a des beautés et c'est senti
Comme une merde, quoi qu'en disent Cros et Tronche
Et l'Acadême où les Murgers boivent du ponche.
Mais plus de bleus et la daromphe m'a chié.
C'est triste et merde alors et que foutre ? J’y ai
Pensé beaucoup. Carlisse ? Ah ! non, c'est rien qui vaille
À cause de l'emmerdement de la mitraille !
                                                            F.C
     
   

Lettre de Verlaine à Delahaye - 24 août 1875.

   Conformément à l'usage bien établi dans le Cercle zutique de 1871, le dizain présente la signature apocryphe F.C. (pour François Coppée). Verlaine se moque de la passion affichée par Rimbaud pour la science (sa "philomathie") et les langues (Delahaye lui a sans doute appris que Rimbaud avait projeté de s'engager parmi les mercenaires carlistes, pour apprendre l'espagnol, avant de changer d'avis : "Carlisse ? Ah! non, c'est rien qui vaille / A cause de l'emmerdement de la mitraille !"). C'est pourquoi Verlaine représente Rimbaud assis, l'air maussade, devant une table chargée de verres et de bouteilles, compulsant un gros dictionnaire. Il raille l'assurance du jeune homme dans les jugements littéraires qu'il prononce (concernant Quatre-vingt treize, de Hugo, publié le 19 février 1874), son ivrognerie, son langage de charretier et ses récriminations constantes à l'égard de sa mère (la daromphe). Le titre est inspiré d'un poème célèbre des Châtiments (Ultima verba).