Arthur Rimbaud : Recueil de Douai


 

Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir


Depuis huit jours j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandais des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.


octobre 70

1. Les Reparties de Nina
2. Vénus anadyomène
3. «Morts de Quatre-vingt-douze»
4. Première soirée
5. Sensation
6. Bal des pendus
7. Les Effarés
8. Roman
9.  Rages de Césars
10. Le Mal
11. Ophélie
12. Le Châtiment de Tartufe

13. À la musique

14. Le Forgeron
15.  Soleil et chair
16. Le Dormeur du val
17. Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir

18. La Maline

19. L'Éclatante Victoire de Sarrebrück
20. Rêvé pour l'hiver
21. Le Buffet
22. Ma Bohême (Fantaisie)

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