Soutenance de thèse

"Rimbaud, Laforgue. Une poétique de la folie"


   Renaud Lejosne-Guigon soutiendra une thèse consacrée aux rapports entre poésie et folie chez Arthur Rimbaud et Jules Laforgue et intitulée "Rimbaud, Laforgue. Une poétique de la folie", le vendredi 8 décembre 2017, à 14h, à l'Université de Paris III-Sorbonne-Nouvelle. Toute personne intéressée par le sujet est cordialement invitée à assister à la soutenance.

   La thèse, dirigée par Henri Scepi, sera soutenue devant un jury composé de : Anne-Emmanuelle Berger, Dominique Combe, Gérard Dessons, Bertrand Marchal et Claire White.
 
Détails techniques :
Vendredi 8 décembre 2017, 14h
Sorbonne Nouvelle, site Censier/Bièvre
13, rue de Santeuil
Paris, Ve arr.
Salle 24, rez-de-chaussée
 
Résumé :

Rimbaud, Laforgue. Une poétique de la folie

   Cette thèse examine l’œuvre poétique de Rimbaud et de Laforgue du point de vue de la catégorie de « folie ». La notion de folie a très souvent été mobilisée dans la première réception de tout un pan de la poésie écrite dans le dernier tiers du XIXe siècle, pour étiqueter des textes considérés comme illisibles. À tel point qu’avec ses corollaires d’époques (manie, névrose, dégénérescence, hystérie), elle est devenue un véritable paradigme de lecture du texte poétique. La folie est envisagée ici non pas seulement dans sa définition médicale, mais aussi comme objet hybride, construit par une multiplicité de discours et de pratiques. On commence par une archéologie de ce discours médicalisant qui pathologise la poésie, pour montrer ensuite que la « folie » constitue bien une catégorie valide pour l’appréhension de la poésie rimbaldienne et laforguienne, mais qu’elle nécessite pour cela une théorisation nouvelle, indépendante de toute considération biographique ou psychologique. Part essentielle de l’écriture, la folie chez Laforgue, Rimbaud et leurs contemporains n’est plus la folie romantique – qui s’articulait aux catégories du grotesque ou du magisme inspiré. La folie poétique se fait méthode, « raisonné dérèglement » selon la formule paradoxale de Rimbaud, et traverse, en tant qu’expérience-limite, tout le trajet lyrique. En même temps, elle devient immanente aux corps, et au corps du texte. La folie romantique s’est immanentisée et textualisée. Poétique de la folie désigne ici un fait littéral, la manière dont le texte se trouve altéré par la folie, et réciproquement la manière dont en tant que poème ce même texte reconfigure la langue et la lecture, devenant par là un autre nom de la « folie » comme intempestivité, invention de catégories nouvelles, illisible devenant lisible. La folie ne désigne plus alors une pathologie, mais la force d’évènement de l’écriture même. Chez Laforgue et Rimbaud, cette dimension de bouleversement se déploie particulièrement dans trois champs : comme expérience radicale, la folie opère une altération et une aliénation du sujet ; comme effet rhétorique, elle entraîne un trouble généralisé de la syntaxe et du sens ; en tant que contre-discours et résistance à l’ordre établi (hystérie, idiotie, fureur) enfin, elle possède en elle-même une dimension politique, par laquelle elle s’articule à l’histoire comme événementialité.

Mots-clés : Arthur Rimbaud ; Jules Laforgue ; Folie ; Poétique ; Aliénisme ; Histoire de la médecine ; Genres littéraires ; Théorie de la lecture ; Études de genre ; Idiotie ; Hystérie.