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EXERCICE
Rédiger un paragraphe argumentatif dans un commentaire composé.
Question de commentaire : Vous montrerez que Rimbaud se
décrit ici comme un pauvre vagabond, en quête d'espace et de
liberté,
trouvant amour et réconfort auprès de la Nature.
1) Identifier les références au texte utiles pour la question et
les répartir entre les trois pôles thématiques proposés par le sujet.
2) Rédiger à titre d'exercice le second de ces paragraphes :
"Une quête d'espace et de liberté".
Vous respecterez 4 critères :
a) richesse : toutes les références utiles doivent être
présentes.
b) organisation : les références doivent être classées selon un ordre
logique.
c) élégance du style : le raisonnement doit être rédigé avec soin,
les citations du texte de Rimbaud articulées habilement à vos propres phrases de commentaire, progressivement
(pas de longues énumérations d'exemples) et en utilisant des tournures
variées .
d) structure circulaire du paragraphe : la première phrase doit annoncer
clairement l'argument général. La dernière le récapitule en introduisant le
paragraphe suivant.
CORRECTION DE L'EXERCICE
Question 2 :
- expression de la révolte
- thème de la marche
- valeur du pluriel de "routes"
- valeur de l'imparfait dans les formes verbales.
- thème du ciel
- Interprétation de l'introduction du registre fantastique dans "ombres
fantastiques"
- sens du titre du poème.
-
Paragraphe rédigé :
Mais si le poète s’est fait vagabond, c’est
surtout parce qu’il est en quête d’espace et de liberté. C’est la révolte
qui jette le jeune homme sur les routes, comme le suggère son attitude crispée
au premier vers du poème : « les poings » dans ses « poches
crevées ». Les longues marches dans la campagne sont évoquées par la répétition
du verbe aller en début de vers : « Je m’en allais » (v.1);
« j’allais sous le ciel » (v.3) ; par l’utilisation du mot
« course » (v.6) qui indique une marche rapide, de longs itinéraires.
Il se décrit « assis au bord des routes ». Le pluriel « routes »
est significatif : il en a parcouru beaucoup. Notons encore l’emploi de
l’imparfait, temps de la répétition ou de l’habitude : « je m’en
allais », « j’égrenais », « je les écoutais »,
« je sentais ». Les actions mentionnées se sont donc renouvelées
à plusieurs reprises. Il s’agit probablement de la fugue de l’automne 70 (« ces
bons soirs de septembre », v.10) qui a duré en effet plusieurs semaines
et conduit Rimbaud de Charleville à Bruxelles et de Bruxelles à Douai. C’est
aussi l’espace céleste qui s’ouvre devant le voyageur. L’idée est
mentionnée à plusieurs reprises : le jour il marche « sous le ciel »
(v.3), la nuit il dort à la belle étoile, en contemplant « la grande
ourse » (v.8), les « étoiles » (v.9). Le crépuscule allonge les
ombres qui deviennent « fantastiques » (v.12). Cet immense horizon
qui s’offre à lui est synonyme de liberté. La destination du voyage n’est
pas précisée. On marche dans le seul but de marcher. Ceci nous renvoie au sens
du titre : « Ma Bohème ». Le mot « bohème » a un
double sens : il désigne la vie insouciante et libre, celle des artistes
par exemple, mais il désigne aussi la vie nomade, la vie errante des bohémiens.
Par l’adjectif possessif « ma », Rimbaud semble opposer sa
conception de la vie libre à la bohème sédentaire et urbaine des artistes
parisiens. Sa bohème à lui, c’est la nature (1).
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(1)
Lorsque la Bohême désigne un pays (actuelle Tchéquie), il s'écrit avec
un accent circonflexe. Certains commentateurs, se fondant sur le manuscrit
où le mot Bohême semble porter un accent circonflexe, prêtent à
Rimbaud l'utilisation intentionnelle de ce terme géographique pour
désigner métaphoriquement le pays merveilleux où son errance le
conduit. Nous avons opté ici pour l'accent grave. |
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