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Une lettre d'Arthur à "La Maline"

 
 

La lettre de Clélia | La lettre de Léa

 

Texte de Clélia Del Corso, classe de seconde,
Lycée Henri Matisse, Cugnaux, février 2003.

 

 

Chère Muse,

                      

      Je ne sais si vous vous souvenez de moi, belle inspiratrice. Je vins en votre cabaret lors d'une froide journée d'octobre, journée où je m'étais abandonné à ma passion : la marche - chose simple, n'est-ce pas ? mais enfin ...- J'étais usé par les chemins boueux quand j'entrai dans la salle à manger brune. Je m'assis, rempli de rêves et d'espérances, pensant encore et encore aux bains de soleil, aux promenades infinies, à la liberté! Et la liberté, c'est en vous, Aphrodite rieuse, que je l'ai trouvée, en cette brune, et verte, et mauve soirée d'automne, à Charleroi, - qui l'eût cru? - Et c'est vous, maline demoiselle, qui m'avez soufflé de vos lèvres innocentes ces quelques vers que je vous offre :


Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir

Depuis huit jours j'avais déchiré mes bottines
Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi.
- Au Cabaret-Vert : je demandais des tartines
Du beurre et du jambon qui fût à moitié froid.

Bienheureux, j'allongeai les jambes sous la table
Verte : je contemplai les sujets très naïfs
De la tapisserie. - Et ce fut adorable,
Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs,

- Celle-là, ce n'est pas un baiser qui l'épeure ! -
Rieuse, m'apporta des tartines de beurre,
Du jambon tiède, dans un plat colorié,

Du jambon rose et blanc parfumé d'une gousse
D'ail, - et m'emplit la chope immense, avec sa mousse
Que dorait un rayon de soleil arriéré.

 

La Maline

Dans la salle à manger brune, que parfumait
Une odeur de vernis et de fruits, à mon aise
Je ramassais un plat de je ne sais quel met
Belge, et je m'épatais dans mon immense chaise.

En mangeant, j'écoutais l'horloge, - heureux et coi.
La cuisine s'ouvrit avec une bouffée,
- Et la servante vint, je ne sais pas pourquoi,
Fichu moitié défait, malinement coiffée

Et, tout en promenant son petit doigt tremblant
Sur sa joue, un velours de pêche rose et blanc,
En faisant, de sa lèvre enfantine, une moue,

Elle arrangeait les plats, près de moi, pour m'aiser;
- Puis, comme ça, - bien sûr, pour avoir un baiser, -
Tout bas : " Sens donc, j'ai pris une froid sur la joue... "

 

                           Un poète épris de beauté idéale,

                                                                     

                                                                    Arthur

 

 

 

 

 

Texte de Léa Saint-Raymond, élève de seconde,
Lycée Henri Matisse, Cugnaux, février 2003. 

 

Charleville, le 18 novembre

 

Pour la servante brune,
Auberge "Au Cabaret-Vert"
Charleroi

 

- entre deux soupirs -

 

Ma douce sœur,

      Je suis rentré à Charleville un mois après t'avoir quittée ... Je n'ai plus d'illusion, c'est la mort! Estime-toi heureuse de ne pas habiter ici - . Ma mère, un tyran! Ma ville, un tas d'épouvantards! Rien ! Rien ! Mais je partirai. Ciel, nature, liberté! C'est que l'espoir de revoir tes yeux vifs, ton teint de pêche rose et blanc ...
      Merci pour ce p'tit bonheur - un repas familial servi par une charlereine dans un décor adorable - c'est banal, n'est-ce pas, mais enfin ?

      A bientôt, j'espère, ô ma muse! ... J'ai encore un tas de choses à te dire!

 

      Arthur