Arthur Rimbaud, le poète / Accueil > Iconographie > La correspondance > Rimbaud attablé devant une coupe

 

 

La sale bête ! (En général). Et je m'enmerde [sic] !
Malheur ! Faut-il qu'un temps si précieux se perde ?
Le russe est sû [sic], l'arabe applique, et j'ai cent mots
D'aztec, mais quand viendront ces cent balles ! Chameaux !
Va donc ! Et me voici truffard pour un semesse,
Et c'est Pipo qu'il faut (quoiqu'au fond je m'en fesse
Eclater la sous-ventrière !) Merde à chien !

Ingénieur, à l'étranger, çà fait très-bien,
Mais la braise ? Faut-il que tout ce temps se perde ?
Mon pauvre cœur bave à la quoi, bave à la merde !

               A.R.

 

Lettre de Verlaine à Delahaye - 26 octobre 1875

   La lettre demande laconiquement des nouvelles de Rimbaud  ("Et quoi de l'Oestre ?") et insère le dessin dans un poème parodique faussement signé AR. selon la tradition zutique, comme ci-contre.

   Dans ce poème, Rimbaud ironise sur la méthode de Rimbaud pour apprendre les langues, consistant à apprendre par cœur des listes de mots. Il raille sa fascination pour le statut d'ingénieur, pour l'École polytechnique ("Pipo" en argot), son manque d'argent qui tourne à l'obsession ("la braise"). Enfin, il se moque de son expression argotique. Dans Sagesse I-IV, il écrivait, parlant manifestement de Rimbaud : 

"Tu n'es plus bon à rien de propre, ta parole
Est morte de l'argot et du ricanement,
Et d'avoir rabâché les bourdes du moment."