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 Une saison en enfer, fac-similé,
 Alain Oriol, Toulouse, 2023.

   Il y a cent cinquante ans, un modeste petit livre appelé à devenir mythique est sorti des presses de L'Alliance typographique, M.-J. Poot et Compagnie, 37, rue aux Choux, Bruxelles. Son titre en lettres rouges ressortait sur la couverture : Une saison en enfer. Pour la première fois, Rimbaud était parvenu à conduire une de ses œuvres jusqu'au stade de l'impression. Ce fut aussi la dernière.
   Il n’en existait pas jusqu'ici de véritable fac-similé.
C’est chose faite. Nous avons fait imprimer à 500 exemplaires une plaquette identique en tout point à l'édition originale, mise en pages, composition et couverture comprise.
   La plaquette est vendue au prix de 16 €, un prix modique pour permettre à tous de consulter un véritable trésor de la bibliophilie.

   Vous pouvez passer commande sur le site de la librairie Ombres blanches à Toulouse :
  
https://www.ombres-blanches.fr/product/1806811/arthur-rimbaud-une-saison-en-enfer

 


Dossier de presse



Merci Patti.

 

Gazette de la librairie Ombres blanches



Libération, 28-29 octobre 2023.

 

 

Parade  sauvage n°34, "Hommage à       
Marc Ascione",  Classiques Garnier, 2023.      

 

 

► Lire aussi dans ce site ;

Alain Oriol, « L'édition originale d'Une Saison en enfer : comment était vraiment faite la plaquette de 1873 ».

   

     

 

 


La Dépêche
, 22 octobre 2023.       


 

Rimbaud. Alain Oriol (éd.), Fac-similé de l’édition originale d’Une saison en enfer, Toulouse, 2023, 56 p., 16 € ; Alain Bardel, Une saison en enfer ou Rimbaud l’introuvable. Fac-similés de l’édition originale, précédés d’un essai, Toulouse, Presses universitaires du midi, 2023, 195 p., 20 €.

     L’automne 2023 aura été rimbaldien. Le goût des anniversaires, particulièrement prononcé quand il s’agit des auteurs patrimoniaux, qui s’était exercé en 2021 avec Baudelaire dans le domaine poétique, a favorisé de nombreuses publications autour des 150 ans d’Une saison en enfer, la seule œuvre qu’ait publiée Rimbaud, et qu’il a datée d’« avril-août, 1873 ». Parmi ces publications, la plus émouvante, sans aucun doute, est le fac-similé proposé par Alain Oriol, détenteur d’un exemplaire original qui a servi de modèle à cette entreprise passionnée. La quatrième de couverture commerciale, située avant la quatrième du fac-similé à proprement parler, en définit ainsi l’ambition : « La présente édition, façonnée comme l’originale, réalisée dans un papier similaire, au même format et dans la même pagination, est la première qui puisse être considérée comme une “reproduction à l’identique”. »
     Disons-le sans détour : l’ouvrage en main, l’affirmation est pleinement vérifiée. Car, quelle expérience ! Le lecteur, même lorsqu’il n’ignore pas la désastreuse histoire de cette unique expérience éditoriale de Rimbaud, même lorsqu’il est averti des singularités de cette édition, entre autres les nombreuses pages blanches que comporte la plaquette originale, même lorsqu’il est informé des coquilles qu’elle renferme (sans même évoquer les guillemets sur lesquels s’ouvre Une saison en enfer, jamais refermés), ce lecteur sera assurément frappé de surprise par le frêle objet dont il se sera saisi. Son format très réduit, tout d’abord, 12 cm x 18 cm pour ce fac-similé ; la minceur de la plaquette, dont les éditions abondamment annotées des œuvres complètes de Rimbaud, les plus répandues, nous ont éloignés ; et puis son étrange outillage typographique, qui renouvelle en particulier la lecture d’« Alchimie du verbe », ce texte central de notre modernité poétique : la perception visuelle de l’anthologie de sept poèmes en vers que comporte la section en est tout à fait modifiée. L’ensemble, d’une qualité matérielle exemplaire, est donc une réussite, sans aucun « couac » : une expérience de lecture directe, fascinante, tactile autant que visuelle.

     C’est ce parti pris de fidélité typographique à l’édition originale qu’adopte l’essai que le même Alain Bardel, complice d’Alain Oriol pour le fac-similé, bien connu des rimbaldiens pour l’excellent blog qu’il anime depuis plus de vingt ans (abardel.free.fr), consacre à Une saison en enfer (Une saison en enfer ou Rimbaud l’introuvable), en proposant une formule critique originale. Le lecteur y trouvera en effet un essai (p. 9-96) sur l’« espèce de prodigieuse autobiographie psychologique » dont parle Verlaine dans Les Poètes maudits, suivi de fac-similés de l’édition originale (pages de droite) annotés (page de gauche), ou plutôt commentés à chaque point de résistance du texte. L’essai est conçu comme une introduction aux grands enjeux de l’œuvre, qui, sans négliger ses prédécesseurs, ne s’embarrasse pas d’un trop encombrant appareil de bas de page. À la progression habituellement retenue dans les ouvrages critiques portant sur Une saison en enfer, celle qui s’attache successivement à l’élucidation de chaque section (et que l’on trouve dans les livres de Yoshikazu Nakaji, Combat spirituel ou immense dérision ?[Corti, 1987], de Yann Frémy, Te voilà, c’est la force ! [Garnier, 2009], ou plus récemment, d’Alain Vaillant, Une saison en enfer de Rimbaud ou le livre à la « prose de diamant » [Champion, 2023]), Alain Bardel préfère une structuration en diptyque : après avoir synthétisé les éléments de genèse nécessaires à la compréhension du projet de l’œuvre (en particulier, la lettre dite « de Laïtou », adressée en mai 1873 à Ernest Delahaye, qu’avait en son temps analysée en détail le regretté Yann Frémy), il examine d’abord la question autobiographique, avant de revenir sur des questionnements existentiels structurants. Ce choix, qui a le mérite de la clarté, offre au lecteur une bonne entrée pédagogique dans l’œuvre, un accompagnement à la compréhension, en particulier, de son vertigineux travail énonciatif, auquel Alain Bardel applique une belle image, lorsqu’il rapproche le questionnement rimbaldien de l’identité du « “labyrinthe de miroirs” » de La Dame de Shanghai, d’Orson Welles. À ce titre, l’approche d’« Alchimie du verbe », où Alain Bardel discerne deux voix, celle du « fou » et celle du « sage » (p. 34-36), reprenant ainsi une tradition de glose qu’avait magistralement nourrie Steve Murphy dans Stratégies de Rimbaud (Champion, 2004), retient l’attention, de même que les approches, nombreuses, des sections de « Mauvais sang ». Les pages consacrées à « Mauvais sang » [VII] (p. 31-34 et p. 39-40) donnent également un excellent aperçu de la méthode adoptée, patiente, proche de la lettre du texte, soucieuse de suivre toutes les volte-face du « combat spirituel » du locuteur et prenant l’exact contrepied de celui qui, dans « Alchimie du verbe », affirme avoir « réserv[é] la traduction » de ses productions en vers.
     Ajoutons que ces pages sont manifestement parcourues par les vertus « séminales » (l’adjectif est de Claudel) d’une lecture au long cours, que vérifient les approches de la deuxième partie, sur « L’entreprise du voyant », « La question du travail » et surtout la synthèse proposée sur « L’entreprise de charité ». C’est cette intimité avec le texte de Rimbaud qui permet à Alain Bardel de prendre un parti étonnant, concernant le statut du je dans Une saison en enfer  je que l’on a coutume de distinguer un peu trop soigneusement du sujet empirique, suivant une vulgate critique qui méritait bien d’être débattue, au moment où la notion de « sujet lyrique » montre ses limites : « Certes, le sujet énonciateur ne doit pas être confondu avec le sujet biographique producteur de l’œuvre. Mais celui que nous appelons “Rimbaud” n’est ni le premier, ni le second » (p. 29).
     Quant à la partie annotée du livre d’Alain Bardel, elle relève avant tout de la glose suivie, précédée de toutes les informations matérielles sur l’édition originale publiée par l’Alliance typographique, à Bruxelles, 37 rue aux Choux, à l’automne 1873. Les notes informatives que l’on attendrait d’une édition critique le cèdent ici à des notes herméneutiques, embrassant parfois plusieurs paragraphes (au risque, pour certaines d’entre elles, d’une certaine prolixité), pleinement solidaires des élucidations proposées dans l’essai, et qui guideront efficacement les lecteurs, qu’ils soient ou non familier des ellipses, de la densité, des zones d’obscurité de la « prose de diamant ». Nombreux sont les renvois entre les questionnements conduits dans la première partie et ce commentaire par éclats : la réflexion générique peut ainsi, entre autres exemples, être poursuivie à l’occasion d’une note sur la première phrase de « Vierge folle » (« Écoutons la confession d’un compagnon d’enfer », commentée p. 43 sq. et p. 132).
     L’essai d’Alain Bardel s’offre donc comme un instrument utile pour une approche synthétique des grands enjeux d’Une saison en enfer, dont la tonalité personnelle gagnera la confiance de ceux qui aiment dans l’exégète, non pas « l’absence des facultés descriptives ou instructives », mais tout au contraire, la clarté et le souci, salutaire, de comprendre.

Adrien Cavallaro        
Histoires littéraires
n°101, janvier-février-mars 2025.       

 

 

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