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Larme (1872) |
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On reconnaît un scénario familier chez Rimbaud :
LE CADRE NARRATIF ET DESCRIPTIF b) Dans un endroit reculé et solitaire : «Loin des oiseaux, des troupeaux, des villageoises, » c) Une après-midi où l’orage menace : « Par un brouillard d'après-midi tiède et vert » ; « Ormeaux sans voix, gazon sans fleurs, ciel couvert » d) Arthur boit sans plaisir :
« Je buvais » ; « Que pouvais-je boire » ;
« Que tirais-je à la gourde » ? « Quelque liqueur
d'or, fade et qui fait suer. » ; « Tel, j'eusse été
mauvaise enseigne d'auberge. »
b) Des visions se développent, de plus en plus saugrenues. Au début, on peut y voir seulement les effets de l’orage sur le paysage : obscurcissement, inondation. Mais des architectures urbaines (colonnades, gares) se substituent au spectacle de la forêt inondée (de même dans Alchimie du Verbe, Michel et Christine, Aube)
Devant ce spectacle envoûtant de l’orage, Arthur est comme un chercheur d’or (« pêcheur d’or ») ou un pêcheur de perles (« ou de coquillages ») qui aurait entrevu le trésor qu’ils recherchent sans pouvoir s’en emparer. Dans Alchimie du verbe , Rimbaud reproduit le poème en supprimant le dernier quatrain qu’il remplace par un vers au sens transparent : « Pleurant, je voyais de l’or – et ne pus boire. – » Cette variante éclaire aussi le sens du titre : « Larme ». Comme toujours l’histoire se termine sur un sentiment d’échec, d’impuissance, de regret, de frustration : « Fin de l’Idylle » (Michel et Christine). Voir aussi la fin de Bateau ivre (« Mais vrai, j’ai trop pleuré … »), d’Aube … et bien sûr Une saison en Enfer. |