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TABLEAU CHRONOLOGIQUE DE LA POESIE FRANCAISE AU
XIX° SIECLE
1800 | 1850 | 1900 |
Alphonse de
Lamartine Théodore de Banville |
Théophile
Gautier Emaux et Camées - 1852 Leconte de Lisle Poèmes antiques -1852 Poèmes barbares -1862 Gérard de Nerval Les Chimères (1853) Victor Hugo Charles Baudelaire |
Paul
Verlaine Poèmes saturniens -1866 Les Fêtes galantes - 1869 Romances sans paroles - 1874 Sagesse - 1881 Arthur Rimbaud |
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Romantiques, Parnassiens, Symbolistes et Décadents.
La progression du goût poétique au cours du XIX° siècle peut se décrire à travers la succession de quatre mouvements littéraires : Romantisme, Parnasse, Symbolisme, Décadentisme. Ils se définissent essentiellement par réaction à l'égard de ce qui les a précédés.
Le Romantisme, en réaction contre le rationalisme triomphant au XVIII° siècle, réhabilite la sensibilité, l'imagination, et se caractérise par l'expression lyrique, intense, des sentiments intimes : l'émerveillement devant la nature, l'exaltation religieuse, la mélancolie, l'amour, la solitude, la révolte contre l'injustice, l'angoisse du temps qui passe et de la mort.
Les Parnassiens sont partisans de l'Art pour l'Art. Ils reprochent aux Romantiques d'avoir fait prévaloir le contenu (le sentimentalisme, l'engagement social et politique) sur la forme (la beauté et la perfection de la langue). Ils se reconnaissent dans la doctrine professée par Gautier dans la Préface de Mademoiselle de Maupin : "Il n'y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien; tout ce qui est utile est laid". En conséquence de quoi ils recherchent par dessus tout la qualité formelle, la virtuosité technique dans la composition du poème et la facture du vers. Sur le plan des thèmes, ils affectionnent l’étrange, l’antique ou l’exotique. "La perfection de la forme, le retour à l'Antiquité, la promotion du lyrisme impersonnel, la volonté d'impassibilité, l'érudition scientifique et l'intérêt porté à la réalité extérieure plutôt qu'au moi intérieur distinguent nettement le Parnasse du romantisme" (Yann Mortelette). De 1866 à 1876, plusieurs poètes de ce courant - Leconte de Lisle, Banville, François Coppée, José-Maria de Hérédia, Sully Prudhomme, Catulle Mendès - publièrent leurs oeuvres dans une revue intitulée "Le Parnasse contemporain".
Le Symbolisme constitue une rupture avec l'Art pour l'Art et le Parnasse dans la mesure où il transfigure la réalité par la fantaisie ou l'imagination de l'artiste. Il fixe volontiers au travail poétique la mission d'exprimer l'aspiration de l'homme à un monde supérieur, idéal, invisible et pourtant accessible à travers l'émotion poétique. Les images poétiques, le travail du rythme sont chargés d'ouvrir à l'homme ce paradis perdu, cette expérience ineffable de la plénitude sensible que véhicule la transe poétique, la "magie hallucinatoire" des mots. Pour les Parnassiens, l'artiste est un artisan du Beau, sublime mais un simple artisan. Pour les Symbolistes, il redevient, comme chez les Romantiques, un passeur, un "voyant". Mais il y avait du prêtre chez les romantiques, chez les symbolistes il y aurait plutôt du sorcier.
Le Décadentisme est le double inversé du symbolisme. Après l'utopie, le désenchantement. Le terme "décadents" permet de désigner des artistes chez qui dominent le sentiment de l'échec personnel, de la médiocrité de leur époque. Chez Jules Laforgue et Tristan Corbière, cet état d'esprit prend la forme d'un humour grinçant chargé d'autodérision. Aux célèbres "La vraie vie est absente", "L'amour est à réinventer" d'Arthur Rimbaud (Une Saison en Enfer) répond ironiquement le "Ah! Que la vie est quotidienne!" de Jules Laforgue dans Les Complaintes.