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Une préface signée Arthur Rimbaud

 
 

La préface d'Arthur | La préface de Lucie | La préface de Floriane

 

Texte d'Arthur Katossky,
élève de seconde au Lycée Henri Matisse, Cugnaux (31),
11 février 2003.

 


IVRESSE.

Recueil de poèmes.


PRÉFACE

Par l'auteur.

 

A VITALIE CUIF, MA MÈRE.

 

          Chère maman,

        Grâce à vous, à vous seule, j'ai accédé à mon but ... ultime. Je vous dois tout. Tout et rien. Ma vitalité, ma volonté, mon talent, ma révolte, je les tiens de vous. Malgré vous. En quelque sorte vous êtes ma muse - douce et délicate, comme il se doit - mais une muse qui étouffe, qui enserre ... une muse-lierre, un éternel printemps, un éternel hiver.
        Tout a commencé à Charleville. Cette ville ... ma ville ... le seul fait de prononcer son nom me révulse. Un tel entassement d'inutilité! Comment supporter cette ville ridicule, garnie de gentilshommes de pacotille, de marchands, de notaires-escrocs, de colonels à la retraite, gantés et enchapeautés selon l'heure, l'humeur ou la mode? On souffre d'y vivre. On ne rêve que de la quitter.

                                                          Qu'à cela ne tienne!

        Je suis déjà sur la route infinie, goûtant l'air vif. Suivre les sentiers de mousse, les tapis de feuilles mortes - elles craquent sous nos pas, les sentiers de pierre lisse et d'eau claire. Mille sentiers. Mille senteurs. Ô dieux! Ô déesses anciennes! Quelle ivresse de ne sentir à ses pieds les entraves du monde moderne. Libéré! Liberté! Au gré de mes envies, mes jambes - quelles jambes! - me mènent vers l'inconnu, le nouveau, la surprise, le plaisir. On est bien, loin des villes. 
        Retour à Charleville, de ces fuites, il ne me reste plus que des bribes, quelques vers qui forment de bien tristes poèmes. On ne classe pas ses souvenirs. Mère, ces vers, je vous les donne tels qu'ils me reviennent, sans autre ordre que celui de mes pensées. Ils sont ce qui reste d'une ivresse, sans comparaison avec la réalité.
        Grâce à vous, j'ai connu l'enfer de Charleville.
        Grâce à vous, j'ai quitté Charleville.
        Grâce à vous, j'ai connu l'ivresse, le paradis.
        Grâce à vous, j'ai écrit ces modestes poèmes.
        Grâce à vous, j'ai pu les éditer.
        Grâce à vous - à vous seule, j'ai atteint mon but ... ultime. Ces quelques vers que j'ai eu le bonheur d'écrire, je vous les offre. Que vous en vouliez ou non, c'est égal, ils sont à vous. Je n'oublie pas que je vous doit tout.

                                                                                               Tout et rien.

         Votre fils,

        Arthur Rimbaud.         

 

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Texte de Lucie Pesudo,
élève de seconde au Lycée Henri Matisse, Cugnaux (31),
11 février 2003.


FUGUES

Recueil de poèmes.



Préface

par l'auteur.

 

     Si le lecteur est en quête de vers charmants, de poésie printanière, qu'il arrête ici son pas allègre. Il ne trouvera pas dans Fugues cette forme d'évasion tendre et subtile que d'autres proposent. Non! Mes fugues le feront transpirer.
     Pardon si c'est banal, mais qu'est-ce que ma poésie ? Mes vers sont sous l'empire de la réalité. Voilà pourquoi - peut-être - ils vous indigneront. A dire vrai, vous me rendriez fou de joie, si vous vouliez chers lecteurs en faire la critique. De la réalité le poète s'amuse mais sa Muse ... ne lui demande pas de toujours magnifier l’existence. Mes vers pourront décevoir … comme peut décevoir la vie, au fond ! C’est pourquoi j'ai voulu faire une poésie en acte. Je l'ai voulue objective - c'est à dire tournée vers le réel, mais non dépourvue de fantaisie.
    Demandons aux poètes du nouveau ! mais combien arrivent à nous épater par leur poésie !    Vous trouverez dans ce recueil et tout particulièrement dans mes sonnets une poésie qui prend ses aises, une poésie du bien-être, une poésie en pleine dilatation... Ô Nature ! ô folle ! Que de choses tu as créées ! J'ai voulu que ma - la - poésie te ressemble ! Qu'elle soit ce dérèglement des sens qui me fait adorer la déesse Liberté ! Mais je n’en dis pas plus... L'heure du jugement est proche ! Lisez ! Fuguez!

 Arthur Rimbaud.

 

 

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Texte de Floriane Olivier
élève de seconde au Lycée Henri Matisse, Cugnaux (31),
11 février 2003.




VERS VOLÉS

par Arthur Rimbaud

 

   

PRÉFACE

   

                    A NINA .

 

     Fière Nina,

 

     Combien de fois as-tu illuminé mes rêves ? Si tu savais ! Tu n'as jamais voulu de moi, mais je n'ai jamais renoncé à toi. Tu es l'élue de mon cœur, la reine de mes poèmes…
     Tes yeux verts m'ont toujours guidé dans mon inspiration. Le vert, c'est la vie, le printemps, la fraîcheur, les amourettes des soirs d'été, c'est toi !
     - Je sais que tu te moques de moi, ris, ris, mi-femme, mi-déesse - Tu es si belle, et si mystérieuse...
     Tu as toujours trouvé des excuses pour te défiler, mais j'ai tenu bon. Tu traînes, lié à ta douce et fine cheville, mon cœur, tel un boulet... Je te poursuis avec passion et sans lassitude. Ta silhouette se dessine dans chacun de mes poèmes. Toi, la jeune fille espiègle qui connaît l'unique et véritable liberté. Toi qui t'endors à la Grande-Ourse., les soirs bleus d'été, allongée sur l'herbe menue... J'envie tes bohémienneries, mais je me résous à ne pouvoir te rejoindre que dans les dédales de mes rêves... Nous partageons les mêmes idées, bien que tu n'aies jamais daigné prendre la peine de m'écouter -je suis bien trop insupportable et possessif  - c'est ce que tu dis, n'est-ce pas?- Néanmoins, ta voix m'a toujours envoûté et tes paroles ? une musique à mes oreilles.
     Tu n'aimes pas la guerre, moi non plus ! Tu trouves les hommes fous. Moi aussi. Tu rêves d'errance. Moi aussi. Mais tout cela n'est qu'idées, rêves. La réalité nous empêche d'agir comme nous l'entendons. Mon boulet, c'est ma mère. Le tien, c'est moi. - Avec plaisir- Tes refus ne font qu'animer ma passion. Tu as tout faux. Je me plais à te le signaler. Ah. Nina ! Tu es insaisissable, - c'est du moins ce que tu crois ! - mais tu es prisonnière de mes poèmes !
     Parce que tu n'as jamais voulu de moi, et que tu m'as toujours rejeté, j'ai gravé ton nom sur ma plume, et malgré ta volonté, je t'ai fait mienne. J'ai volé le vert de tes yeux pour en faire le décor de mes vers.
     Je suis un voleur. Je suis un poète. J'aime la liberté et les fugues de printemps. Je rêve de nos escapades à la campagne, de nos soirées...
     Il s'est passé tellement de choses depuis notre rencontre... Mes rêves qui ne t'ont jamais intéressée, mes réflexions ou mes idées qui t'ennuient. je te les remets. Malgré tout. Je te rends ce que je t'ai volé, oh Inspiration! - 'Tu penses que je suis fou? Ne mens pas, je le vois d'ici - Je te l'ai déjà dit: Je t'ai désirée, je t'ai obtenue. Contre ta volonté. Il m'a fallu violer tes rêves. A présent, je t'offre ces vers que je t'ai volés, ces vers interdits. Ton nom, tu beauté, tes réparties... ont peuplé mes vers. J'ai essayé de les associer à chacun des thèmes de mes poèmes : tes yeux rebelles pour la guerre que tu m'as toujours déclarée malgré mon désaccord; ton coeur pour l'amour que J'ai toujours cherché en toi et en toute femme; tes petits pieds pour tes fugues dans les champs dont j'ai tellement rêvé... Je te raconte dans mes poèmes, éternelle désirée.
     On se ressemble, Nina, même si tu en ris. - Qu'importe! Ça m'est égal, j'aime quand tu ris – Bien que tu ne veuilles pas de moi, accepte mes vers, et cette dédicace. Je t'ai volée, et tu as volé mon cœur. Moi, je te rends ce que j’ai pris, alors accepte-le. C'est à toi. Rends-moi mon coeur en retour, afin que je puisse à nouveau aimer, et que cette fois j'en récolte le fruit. - Et ne prends pas tes airs de perfectionniste, je sais que tu armes tes critiques, alors avant que tu ne te serves de ta langue acérée, écoute-moi - tu penses que ces quelques poèmes ne méritent pas le nom de recueil. Détrompe-toi. La quantité n'a pas d'importance.. ce qui compte, c'est le message qui passe. Le message d'amour, de liberté, de soif de paix, de balade... Et ces choses là ne demandent pas de lourdes pages de vers, simplement quelques mots qui dansent sur les rythmes enflammés des battements de mon cœur.

                                        A toi, contre toi,

                                                                                             Arthur Rimbaud

 

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