Arthur Rimbaud : Recueil de Douai


Le Dormeur du val


C'est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D'argent; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au coté droit.

 

Octobre 1870.

 

1. Les Reparties de Nina
2. Vénus anadyomène
3. «Morts de Quatre-vingt-douze»
4. Première soirée
5. Sensation
6. Bal des pendus
7. Les Effarés
8. Roman
9.  Rages de Césars
10. Le Mal
11. Ophélie
12. Le Châtiment de Tartufe

13. À la musique

14. Le Forgeron
15.  Soleil et chair
16. Le Dormeur du val
17. Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir

18. La Maline

19. L'Éclatante Victoire de Sarrebrück
20. Rêvé pour l'hiver
21. Le Buffet
22. Ma Bohême (Fantaisie)

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