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JEUNESSE II "SONNET"
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Sonnet
Homme de constitution
ordinaire, la chair ______ 1. "forcées" ou "forcies" ? Pour PB
2004, "forcies" est certain (580). SM-IV tient pour "forcées" (633-634). |
Le poète est-il lui-même cet « Homme de constitution ordinaire » qu’il apostrophe au début de Jeunesse II ? Le soulignement du mot homme sur le manuscrit semble mettre en relief une identité sexuelle, ce qui coïncide avec le thème abordé par la 1ère phrase du texte : l’amour, comme péril et comme force. Mais le discours continue, s’adressant tantôt à un « tu », tantôt à un « vous ». Et tout le principe du poème repose sur le mystère savamment entretenu par Rimbaud concernant l'identité de ce ou ces destinataires. La 2ème phrase, qui traite du monde et de ses richesses, de l’ambition et de ses périls, introduit un destinataire pluriel. Ce n’est donc pas seulement à lui-même que l’auteur s’adresse depuis le début du texte mais à ses semblables, définis par « la descendance et la race », c’est-à-dire par leur classe sociale (cf. Mauvais sang). Et c’est leur « danse » et leur « voix » qui, dans la 3ème et dernière phrase, deviennent par la grâce d'un « double événement d'invention et de succès » (l'invention du poème sans doute, mais de quel autre événement concomitant a-t-on enregistré le « succès » ?) les valeurs suprêmes d’un monde réinventé, sur quoi se fondent « la force » et « le droit ».
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