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 JEUNESSE III. "VINGT ANS"

Panorama critique

 

 

   Les citations sont classées dans l'ordre chronologique. Une note bibliographique en recense les sources. Les éditions courantes (Suzanne Bernard, Jean-Luc Steinmetz, par exemple) n'y sont pas mentionnées. On trouvera leur référence ici. Quand un auteur est cité pour plusieurs ouvrages (un article et une édition, par exemple), je précise la date : "Brunel (1999)" renvoie au Rimbaud de La Pochothèque. Quelques citations d'ouvrages extérieurs à ces deux bibliographies font l'objet d'une référence complète entre parenthèses.
 

Structure
 et sens
 du poème

 

LAWLER : « Without rhythmic continuity, the self utters a sequence of exclamations and isolated images that repeat "voix" from the second section, echo "étude" in "studieux" establish the phonetic resonance of an elliptic wistfulness ("amèrement", "airs", "verres", "nerfs" ; "fleurs", "chœur", "chœur" ; "égoïsme", "optimisme" ; "adolescence", "l'impuissance", "absence"). Loss has injected a dramatic charge of self-awareness which no longer has place or time for previous enthusiasms. Thus separation and solitude enter the poem : "Vingt ans" ».

Notes

Les voix instructives exilées ....


LAWLER : « Exile is, however, not explained ».

BRUNEL (2004) : « Cela signifie d'abord que les temps des études est passé. Celui de l'école, du collège [...] Le 20 octobre 1874 pourrait ouvrir une ère nouvelle où il ne cherchera même plus à écouter la voix des livres [...] Les exiler, les évacuer, constitue un geste de rejet supplémentaire. » (p.593).


L'ingénuité physique amèrement rassise ....

BRUNEL (2004) : « Rassis suppose une baisse de tension, une diminution d'intensité. » (p.594).


— Adagio —

STEINMETZ : « [...] une fois de plus celui qui parle est à l'ancre, dans l'empoissement de l'adagio » (p.172).

BISHOP : « Rimbaud, me semble-t-il, se conseille une psychologie, une poétique et une textualité entre modération et extrême lenteur, un tempo (et un tempérament, une espèce de tempérance même) entre l'andante et le fortissimo [...] (p.30)

Ah! l'égoïsme infini de l'adolescence, l'optimisme studieux : que le monde était plein de fleurs cet été !

GUYAUX (1985) : « L'été correspond à l'adolescence, les fleurs à l'optimisme » (p.112).

 

Les airs et les formes mourant ....

PY : « Le rythme vital est ralenti. [...] il ne reste plus que des formes vides, une harmonie mourante » (p.195).

 

Un chœur, pour calmer l'impuissance et l'absence !

BERNARD : « [...] il souffre en même temps de son impuissance créatrice et d'une absence qu'il ne précise pas. Peut-être Rimbaud a-t-il vraiment éprouvé ce "spleen" pour l'anniversaire de ses vingt ans » (p. 525).

BRUNEL (2004) : « [...] s'éclaire par référence aux "énergies chorales" et aussi "orchestrales" dont Solde évoquera l'éveil fraternel » (594-595).

 

Un chœur de verres

FONGARO (Antoine Fongaro, « Harmonica, "chœur de verres" et soupirs de verres », De la lettre à l'esprit. Pour lire Illuminations, Champion, 2004, p.55-62) : 
   [Selon Chateaubriand, dans Les Natchez, livre IV, on entend partout au Paradis une « musique ravissante » évoquant « les plaintes d'un harmonica divin, ces soupirs de verres, qui semblent ne tenir à rien de terrestre » (p.57)].
   « Commentant Les Chercheuses de poux, S. Murphy reprend, à propos du vers 18 : "Soupir d'harmonica qui pourrait délirer", le passage des Fragments du Génie du christianisme (cité plus haut), où apparaît que l'harmonica peut soupirer". Et il précise que, dans Les Chercheuses de poux, comme dans Jeunesse III (« chœur de verres »), il ne s'agit pas d'un harmonica à lames de verre, mais de l'instrument composé de coupes de verre inégalement remplies d'eau, qu'on fait vibrer en passant dessus le doigt mouillé. Il signale en outre deux études [...] La seconde étude signalée par S. Murphy est beaucoup plus précise. Dans l'article "Modèles de la phrase littéraire", repris dans le volume La Production du texte (Seuil, 1979, p.45-60), Michael Riffaterre aborde "le thème romantique de l'harmonica". Il rappelle, d'abord, que dans De la littérature (1800) au chapitre XI de la première partie, Mme de Staël a noté la "correspondance" entre la musique du Glasharmonika et les états d'âme romantiques (p.59) [...] Il n'est pas pensable que Rimbaud n'ait pas rencontré l'harmonica au cours de ses lectures et que le "philomathe", se documentant à son sujet dans les dictionnaires, n'ait pas appris la structure du Glasharmonica. Rimbaud, utilisant (comme souvent) un poncif, a eu soin dans Jeunesse III de le camoufler (c'est son système) sous une formule plus ou moins mystérieuse ; "chœur de verres" qui a donné de la tablature aux commentateurs. Et là apparaît un des procédés de l'écriture du Rimbaud : alors que, dans les Fragments du Génie du Christianisme primitif, la formule de Chateaubriand "soupirs de verres", plus poétique et plus audacieuse que le "chœur de verres" de Jeunesse III, était placée dans un contexte qui l'éclairait immédiatement, Rimbaud, lui, coupe la sienne de tout contexte, de tout référent explicatif, et la lance telle quelle au nez du lecteur ébahi. » (p.62).

BRUNEL (2004) : « un chœur de buveurs » (p.595).



En effet, les nerfs vont vite chasser.

BERNARD : « On peut penser que Rimbaud emploie ce verbe chasser intransitivement par analogie avec le terme de marine : un navire chasse sur les ancres lorsqu'il de reste pas stable, mais qu'il entraîne ses ancres, emmené par le courant » (p.525). 

 

  

 

  On pourra trouver ci-après un Bilan de lecture