L'étoile
a pleuré rose au cœur de tes oreilles,
L'infini roulé blanc de ta nuque à tes reins
La mer a perlé rousse à tes mammes vermeilles
Et l'Homme saigné noir à ton flanc souverain.
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L'étoile a pleuré rose...
est un poème sans titre, un quatrain isolé. La même structure
syntaxique se répète dans les quatre alexandrins qui le composent. Les
quatre compléments circonstanciels du deuxième hémistiche énumèrent des parties du corps féminin : les "oreilles",
la "nuque", les "reins", les seins ("mammes
vermeilles"), le "flanc".
Le premier hémistiche des alexandrins (les trois premiers d'entre eux,
du moins) désigne des acteurs symboliques de la scène cosmique
("l'étoile", "l'infini", "la mer") dont
les actions respectives (pleurer, rouler, perler) semblent modeler le
corps superbe de la Femme, lui conférant ses formes, ses attributs, ses
couleurs. On croit bien reconnaître un "blason",
et même, pour être plus précis, une
Vénus
naissant des flots. Mais Rimbaud renouvelle radicalement le thème,
de deux façons. D'une part, il adopte une forme
énumérative-répétitive qui lui permet de faire abstraction de toute
rhétorique narrative (lot habituel du genre mythologique) et de
travailler la densité métaphorique du poème. D'autre part, il ménage
une chute sinistre (vers 4) qui renverse le sens normalement attendu. Il
transforme ainsi un apparent madrigal en une épigramme féroce, dénonçant
les souffrances imposées à l'Homme par la Femme.
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