Pistes pour le commentaire

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L'Ophélie de Shakespeare | La Fontaine aux lianes | L'Ophélie de Banville | Versification

 

Sujet : Vous proposerez un commentaire composé de la première partie du poème. Vous adopterez le parcours de lecture suivant. Dans une première partie vous résumerez l'anecdote du poème en montrant qu'il s'agit de la réécriture d'un récit connu. Puis vous analyserez la métamorphose de la jeune fille en un élément de la nature. Vous montrerez enfin comment elle se transforme en un être surnaturel.

La présente page est destinée à attirer votre attention sur des pistes d'analyse efficaces et à vous aider dans l'exploitation des autres rubriques du site.

 

        OPHÉLIE

 

                                        I

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
-- On entend dans les bois lointains des hallalis.

Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.

Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
-- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.

 

 

Prolongement : lecture dirigée de l'ensemble du poème.

1) Commentez la composition d’ensemble du poème. Quels éléments assurent l’autonomie de la seconde partie, sur le plan syntaxique, sur le plan du thème traité, par rapport à la première ?

2) Mettez en évidence dans la seconde partie une représentation de la nature différente et presque opposée à celle qui prévaut dans la première. Quel sens Rimbaud tente-t-il de donner à la mort d’Ophélie dans cette partie du texte ?

 

 

Pistes pour le commentaires :

noire : les notations de couleurs sont certainement à étudier dans le texte.

où dorment les étoiles : une métaphore à expliquer, et à rapprocher de plusieurs autres notations contribuant à l'impression d'ensemble recherchée par le vers, par le  texte. Voir aussi la représentation de l'eau dans l'iconographie d'Ophélie : rubrique "Images d'Ophélie". Voir encore la rubrique consacrée à "La Fontaine aux lianes".

Ophélia : nom anglais d'Ophélie. Sur l'origine de ce ce personnage voir notamment la rubrique "L'Ophélie de Shakespeare".

lys : le champ lexical de la végétation, qui s'annonce avec cette première comparaison, est particulièrement présent dans ce poème; son rôle doit être étudié avec précision. Comparer sur ce point le poème de Rimbaud avec le traitement traditionnel de la végétation dans l'iconographie d'Ophélie . Rubrique : "Images d'Ophélie". 

hallalis : sonnerie de trompe annonçant que le cerf est aux abois. Le choix de ce mot renvoie surtout au jeu d'échos phonétiques que Rimbaud a voulu organiser dans la première partie du poème. Voir rubrique : "Versification".

plus de mille ans : expliquer l'allusion; montrer que ces mots introduisent dans le poème une idée qui n'appartenait pas, avant Rimbaud, au mythe d'Ophélie. Voir rubrique : "L'Ophélie de Shakespeare". Etudier les autres apparitions de cette idée dans le poème et commenter l'effet recherché.

douce folie : Pour le choix de cette rime, voir la rubrique "L'Ophélie de Théodore de Banville". Pour le sens de l'expression, ainsi que pour l'allusion à la "romance" d'Ophélie au vers suivant, voir la rubrique "L'Ophélie de Shakespeare"

baise : ce terme introduit dans le poème une figure de style que l'on retrouvera dans les vers suivants et qui entre en résonance avec la signification générale du texte. A étudier!

froissés : adjectif inattendu, métaphorique, à interpréter dans le cadre de l'étude sur le champ lexical de la végétation.

chant : thème conventionnel de la "mélodie des sphères" : la tradition poétique et philosophique a souvent comparé l'ordonnancement harmonieux du cosmos à une orchestration musicale réglée par le Créateur.