Versification

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Étude de la versification dans la première partie d’Ophélie

 

Sur l'onde calme et noi // re où dorment les étoiles
La blanche Ophélia // flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, // couchée en ses longs voiles...
-- On entend // dans les bois // lointains // des hallallis.

Voici plus de mille ans // que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, // sur le long fleuve noir;
Voici plus de mille ans // que sa douce folie
Murmure sa roman // ce à la brise du soir.

Le vent baise ses seins // et déploie en corolle
Ses grands voiles // bercés // mollement // par les eaux;
Les saules frissonnants // pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur // s'inclinent les roseaux.

Les nénuphars froissés // soupirent autour d'elle;
Elle éveille parfois, // dans un aune qui dort,
Quelque nid, // d'où s'écha// ppe un petit frisson d'aile :
-- Un chant mystérieux // tombe des astres d'or.
 

 

Questions : 

a)      Combien de sons distincts comptez-vous dans le mot « Ophelia », au second vers ? Combien de syllabes ?

b)      Les consonnes de ce mot sont répétées dans le vers 2 :  dans quels mots ? comment appelle-t-on ce procédé de versification, quel est l’effet produit ?

c)      Montrez que ce procédé n’affecte pas seulement le vers 2 mais s’élargit à l’ensemble du poème. Dans quel but Rimbaud procède-t-il de cette façon ?

d)      Un autre procédé de versification, qu’on appelle « la rime brisée », consiste , dans un poème en alexandrins, à établir un effet de rime ou au moins d’assonance à la fin des hémistiches. Montrez que Rimbaud utilise ce procédé dans la première partie : pour cela, placez les césures et analysez les sons que vous y trouvez.

e)      Analysez la valeur phonétique et l’organisation des rimes du poème dans sa première partie. Quelles règles particulièrement rigoureuses s’impose Rimbaud ?

f)        Les voyelles contenues dans le mot « Ophélia » produisent-elles dans le poème des échos sonores comparables à ce que nous avons observé pour les consonnes ?

g)      Analysez le jeu des coupes dans le vers 10, le vers 14 ; comparez le rythme du vers 16 à celui du vers 2.

h)      Conclusion : comment la versification contribue-t-elle à l’impression produite sur le lecteur et au sens du poème ?

 

Vocabulaire technique à exploiter 

 

alexandrin : vers de douze syllabes.

césure : l'alexandrin étant un vers long, il admet une pause particulièrement marquée en son milieu, après la sixième syllabe ; cette coupe principale du vers est nommée césure; les deux parties égales de six syllabes qu'elle délimite sont appelées hémistiches (demi-vers).

coupe secondaire : outre la césure, on constate généralement la présence de deux pauses plus légèrement marquées, qu'on appelle coupes secondaires.

trimètre : au XIX° siècle, à partir des romantiques, il arrive que l'alexandrin ne présente pas de césure marquée au 6° pied et impose une diction en trois parties, séparées par des coupes. On appelle ce type de vers : trimètre romantique.

rimes suffisantes : on appelle rime le retour de plusieurs sons identiques en fin de vers ; si cet écho phonétique ne porte que sur deux sons, on parle de rime suffisante.

rimes riches : si la rime présente 3 sons identiques ou davantage, on parle de rime riche.

rimes croisées, embrassées, plates : si la rime concerne deux vers consécutifs (aa, bb, cc, ...) on parle de rimes plates ou suivies ; si on constate une alternance (abab; cdcd ...) on parle de rimes croisées ; si enfin on observe l'organisation : abba; cddc ... on parle de rimes embrassées.

rime brisée : lorsqu'on observe un écho phonétique à la fin du premier hémistiche dans plusieurs vers successifs, on parle de rime brisée.

assonances : le retour insistant d'un même son vocalique (voyelle) à l'intérieur du vers constitue une assonance.

allitérations : le retour insistant d'un même son consonantique (consonne) à l'intérieur du vers constitue une allitération.

harmonie imitative : effet de style consistant à utiliser certaines combinaisons phonétiques (allitérations et assonances) de manière à imiter les bruits réels évoqués par le poème : choc, sifflement, écoulement, craquement, tintement, etc...

harmonie suggestive : on appelle parfois ainsi l'effet de style précédent lorsqu'il vise non à imiter un bruit précis mais à provoquer une impression générale, en relation avec le sens du texte : impression de violence, de douceur, de rapidité, de lourdeur, etc...  Ce procédé s'appuie souvent sur un mot-clé,  dont les sonorités les plus expressives sont intentionnellement répétées par le poète jusqu'à contaminer l'ensemble du vers, de la strophe ou du texte.

diérèse : en poésie, la prononciation distincte de deux voyelles qui, normalement, ne forment qu'une syllabe s'avère parfois nécessaire à l'obtention d'un vers régulier; cette licence poétique est appelée diérèse.