L'air léger et charmant de la Galilée : les habitants le reçurent
avec une joie curieuse : ils l'avaient vu, secoué par la sainte colère,
fouetter les changeurs et les marchands de gibier du temple. Miracle de
la jeunesse pâle et furieuse, croyaient-ils.
Il sentit sa main aux mains chargées de bagues et à la bouche d'un
officier. L'officier était à genoux dans la poudre : et sa tête était
assez plaisante, quoique à demi chauve.
Les voitures filaient dans les étroites rues ["de la ville"
biffé] ; un mouvement,
assez fort pour ce bourg ; tout semblait devoir être trop content ce
soir-là.
Jésus retira sa main : il eut un mouvement d'orgueil enfantin et
féminin : "Vous autres, si vous ne voyez ["point" biffé] des miracles, vous ne croyez
point."
Jésus n'avait point encor fait de miracle. Il avait, dans une noce,
dans une salle à manger verte et rose, parlé un peu hautement à la
Sainte Vierge. Et personne n'avait parlé du vin de Cana à Capharnaüm,
ni sur le marché, ni sur les quais. Les bourgeois peut-être.
Jésus dit : "Allez, votre fils se porte bien." L'officier
s'en alla, comme on porte ["une fiole d'huile dans un sac" biffé] quelque pharmacie légère, et Jésus continua
par les rues moins fréquentées. Des liserons ["oranges" biffé], des bourraches
montraient leur lueur magique entre les pavés. Enfin il vit au loin la
prairie poussiéreuse, et les boutons d'or et les marguerites demandant
grâce au jour.
Manuscrit
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Jean 4
[...]
43
Deux jours après, il sortit de ce lieu; et s’en alla en
Galilée :
44
car Jésus témoigna lui-même, qu’un prophète n’est point honoré
dans son pays.
45
Étant donc revenu en Galilée, les Galiléens le reçurent avec
joie, parce qu’ils avaient vu tout ce qu’il avait fait à
Jérusalem au jour de la fête: car ils avaient aussi été
eux-mêmes à cette fête.
46 Jésus vint
donc de nouveau à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en
vin. Or il y avait un officier dont le fils était malade à
Capharnaüm.
47
Cet officier ayant appris que Jésus venait de Judée en Galilée,
alla le trouver, et le pria de vouloir venir pour guérir son
fils qui était près de mourir.
48
Jésus lui dit: Si vous ne voyez, vous
autres, des miracles et des prodiges, vous ne croyez point.
49
Cet officier lui dit: Seigneur, venez avant que mon fils meure.
50
Jésus lui dit: Allez; votre fils se
porte bien. Il crut à la parole que Jésus lui avait dite,
et s’en alla.
51 Et
comme il était en chemin, ses serviteurs vinrent au-devant de
lui, et lui dirent: Votre fils se porte bien.
52 Et
s’étant informé de l’heure à laquelle il s’était trouvé mieux,
ils lui répondirent: Hier, à la septième heure du jour,
la fièvre le quitta.
53
Son père reconnut que c’était à cette heure-là que Jésus lui
avait dit: Votre fils se porte bien.
Et il crut, lui et toute sa famille.
54 Ce
fut là le second miracle que Jésus fit, étant revenu de Judée en
Galilée.
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Notes
La mention op.cit. suivie d'une indication de page(s) renvoie à notre
bibliographie.
L'air léger et charmant de la Galilée :
La façon "charmante" dont est présentée la
province natale du Christ : "L'air léger et charmant de la
Galilée..." , d'après Yves Reboul, viendrait de Renan.
On n'en trouve l'idée ni chez Jean, ni dans les évangiles
synoptiques. Par contre, le terme "charmant" se trouve partout dans
La Vie de
Jésus dès qu'il est question de la Galilée : "Une nature
ravissante [...] imprimait à tous les rêves de la Galilée un tour
idyllique et charmant." Renan, écrit Reboul, ne cesse d'"opposer le
délicieux climat galiléen à celui, aride et désolé qui règne en
Judée" et, en "adepte d'une nouvelle théorie des climats,
il voit
dans cette riante nature galiléenne la clé du personnage idyllique
qu'est pour lui Jésus" (op. cit. p.88-89).
les habitants le reçurent avec une joie
curieuse : ils l'avaient vu, secoué par la sainte colère,
fouetter les changeurs et les marchands de gibier du temple.
Miracle de la jeunesse pâle et furieuse, croyaient-ils.
On note généralement dans ces
lignes l'intention visible d'inscrire actes et sentiments dans
un cadre strictement humain. Au cas où le lecteur prêterait à la
joie de voir Jésus manifestée par les galiléens le caractère
d'une espérance messianique, Rimbaud précise qu'il ne
s'agit que de curiosité ("avec une joie curieuse"). De même,
s'il utilise le mot "miracle", c'est pour tout de suite réduire
ce mot à une signification banale et profane : le "miracle de la
jeunesse pâle et furieuse". C'est-à-dire : la faculté
particulière à la jeunesse ("miraculeuse" au simple sens
d'"exceptionnelle") de s'indigner et entrer en "fureur", surtout
chez les êtres dotés d'une sensibilité morbide ("pâles").
Rimbaud emploie par jeu, malignement, un vocabulaire à
connotation religieuse ("sainte colère", "miracle de la
jeunesse"). De sorte que le lecteur distrait, surtout s'il est
lui-même une pieuse personne, y trouve confirmation de ce qu'il
est en train de lire une littérature hagiographique. Mais ce
même vocabulaire, dans l'usage courant, perd tout à fait sa
dimension religieuse, et c'est évidemment cette seconde lecture
qui est la bonne.
Il sentit sa main aux mains chargées de bagues et à la bouche d'un
officier. L'officier était à genoux dans la poudre : et sa tête était
assez plaisante, quoique à demi chauve.
On a souligné le caractère
lacunaire du récit rimbaldien. Rimbaud suit le texte de Jean
mais ne paraît pas se préoccuper de doter d'une autonomie son
propre récit qui paraîtrait probablement incomplet à qui ne
connaîtrait pas le modèle évangélique. Ainsi, le texte omet de
dire que l'officier a un fils malade et que c'est pour cette
raison qu'il se présente en suppliant devant Jésus. Rimbaud
préfère se lancer dans un développement descriptif d'où il
ressort une idée de ridicule et de dégoût.
Les voitures filaient dans les étroites
rue de la ville ; un mouvement, assez fort pour ce bourg ; tout
semblait devoir être trop content ce soir-là.
Même remarque que précédemment.
Rimbaud cède-t-il ici, comme on l'a dit, à la tentation du
romanesque, du réalisme même, en détaillant la description d'une
atmosphère ? En tout cas, même idée de répulsion et de malaise
chez le protagoniste qui paraît regretter l'animation joyeuse de
cette ville de Galilée, ainsi que le montre l'utilisation de
l'adverbe "trop" ("tout semblait devoir être trop content ce
soir-là"). Participerait au contentement populaire, notamment,
ce soir-là, la guérison du fils de l'officier, si bien qu'on se
demande si ce n'est pas (comme plus loin, dans l'épisode de
Cana), le miracle qu'on attend de lui qui rend le Christ
tellement bougon.
Jésus retira sa main : il
eut un mouvement d'orgueil enfantin et féminin :
Nouvelle manifestation de
désagrément de la part de Jésus, dans des termes qui font se
demander si Rimbaud ne calque pas sur lui-même, ici, le portrait
psychologique de son héros.
"Vous autres, si vous ne
voyez point des miracles, vous ne croyez point."
Le respect du texte sacré est
ici total. Je m'interroge sur l'interprétation théologique
officielle de cette réticence du Christ à donner des preuves
tangibles de sa divinité en faisant la démonstration de ses
pouvoirs surnaturels. En insistant sur cette réticence,
cependant, l'évangéliste avoue, en quelque sorte, à quel point
il était nécessaire de faire état de nombreux miracles pour
emporter l'adhésion d'une population incrédule qui ne croyait
que ce qu'elle voyait. En aurait-on inventé quelques-uns pour la
bonne cause ? Est-ce pour que nous nous posions cette question
que Rimbaud suit ici à la lettre le témoignage johannique ?
Jésus n'avait point encor
fait de miracle. Il avait, dans une noce, dans une salle à
manger verte et rose, parlé un peu hautement à la Sainte Vierge.
Et personne n'avait parlé du vin de Cana à Capharnaüm, ni sur le
marché, ni sur les quais. Les bourgeois peut-être.
La scène, selon saint Jean, se
déroule à Cana (ce que Rimbaud ne prend pas la peine de
rappeler). Le paragraphe semble destiné à se demander
pourquoi l'officier de Capharnaüm (autre ville de Galilée)
est venu à Cana prier Jésus de guérir son fils, puisque
"personne n'avait parlé du vin de Cana à Capharnaüm" et que,
d'ailleurs, "Jésus n'avait point encor fait de miracle"
jusqu'ici. Autrement dit : le prétendu miracle de l'eau
changée en vin n'en était pas un et tout ce qui s'est
passé d'important lors de la fameuse "noce de Cana",
c'est que Jésus (réticent à accomplir le miracle qu'elle demandait, cf.
Jean, 2,4) y "avait [...] parlé un peu hautement à sa
mère". Seule explication possible à ce mystère,
selon Rimbaud, "les bourgeois peut-être" avaient colporté
jusqu'à Capharnaüm la fausse nouvelle du miracle fait à
Cana.
Rimbaud
prend donc le contre-pied du témoignage johannique où il est
suggéré assez clairement que c'est parce que Jésus a
déjà fait un miracle à Cana que l'officier l'approche lors
de son retour dans cette ville :
"Jésus vint donc de nouveau à Cana en Galilée, où il
avait changé l’eau en vin. Or il y avait un officier dont le
fils était malade à Capharnaüm.
/
Cet officier ayant appris que Jésus venait de Judée en Galilée,
alla le trouver, et le pria de vouloir venir pour guérir son
fils qui était près de mourir."
L'intervention de Rimbaud
consiste à mettre un beau désordre dans cet enchaînement
narratif des plus limpides, de manière à semer le doute sur
la réalité des miracles du Christ, à les nier même dans la
phrase initiale.
Le rappel que fait Rimbaud de
Jean, 2,4 peut s'interpréter comme un intérêt tout
particulier du poète pour les propos un peu rudes que
l'Évangile, du moins dans la traduction de Lemaistre de Sacy,
prête à Jésus parlant à sa mère lors de la noce de Cana. Il
est écrit :
"TROIS jours après, il se
fit des noces à Cana en Galilée; et la mère de Jésus y
était. / Jésus fut aussi
convié aux noces avec ses disciples. / Et le vin venant
à manquer, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont point de
vin. / Jésus lui répondit :
Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? Mon
heure n’est pas encore venue. / Sa mère dit à
ceux qui servaient : Faites tout ce qu’il vous dira."
Littéralement, il semble que
le texte hébreu dise seulement : "Quoi, de toi à moi ?",
autrement dit : Que me veux-tu ? Sacy extrapole un peu le
texte évangélique. Rimbaud aurait-il reconnu quelque chose
de lui dans la façon dont ce traducteur rend compte des
relations un peu rudes entre ce fils et cette mère
prototypiques que sont Jésus et la Vierge Marie ?
Jésus dit : "Allez, votre fils se porte
bien." L'officier s'en alla, comme on porte quelque pharmacie
légère, et Jésus continua par les rues moins fréquentées.
Plus d'une fois en lisant les
Proses évangéliques, on se demande si l'aspect
extrêmement lacunaire du récit est dû à son caractère d'ébauche
ou de notes "en marge" de l'Évangile — ce qui autoriserait le
lecteur à restaurer les chaînons manquants à partir du modèle
johannique, évidemment bien connu de tous — ou si, au contraire,
les béances ménagées dans la structure narrative répondent à une
véritable stratégie d'écriture, à un jeu avec le lecteur. Cette
seconde hypothèse est évidemment plus satisfaisante. Il semble
que Rimbaud ait voulu laisser à chacun d'entre nous la
responsabilité de combler à sa guise les failles du texte, ce
qui est toutefois demander beaucoup au lecteur, même au lecteur
complice qui, s'il n'est pas vigilant, a tendance à mobiliser
son savoir extratextuel pour réparer les entorses
flagrantes à la logique narrative.
Ainsi, dans le passage qui nous
occupe, le lecteur qui a lu la Bible connaît
évidemment la suite heureuse de l'histoire. Il sait que le fils fut
guéri et que l'officier attribua le mérite de cette guérison à la seule parole du
Christ. La plupart des critiques ne doutent pas qu'il en soit de
même dans le texte de Rimbaud. Jean-Luc Steinmetz, par
exemple, écrit : "Toute cette prose [...] combine deux histoires
de fils : d'une part, le fils répond vertement à sa mère ;
d'autre part, Jésus guérit un fils, le rend à son père. Jeu
singulier, étroit entre instances parentales." (op. cit. 1981,
p.532). De son côté, Yann Frémy décèle ici un Rimbaud
fasciné par les pouvoirs "performatifs" de la parole christique
: "L'idéal nouveau de la parole rimbaldienne, à l'orée d'Une
saison en enfer, semble désormais contenu dans ce tour
performatif et sans fioritures : « Allez, votre fils se porte
bien. »" (Te voilà c'est la force, 2009, p.86).
Mais c'est prêter beaucoup au
texte de Rimbaud. Car il n'y est pas dit du tout que l'enfant
ait été sauvé, et sauvé par Jésus. Il est même possible (puisque
rien n'est dit) qu'il soit mort
pendant que Jésus poursuivait son chemin "par les rues moins
fréquentées" ou que sa fièvre soit tombée pour une toute autre
raison que celle invoquée par l'apôtre. Par l'effet de quelque
plante médicinale peut-être (ce n'est peut-être pas un hasard
s'il est question dans la phrase suivante de la "lueur magique"
des "bourraches" et des "liserons" et si c'est au soleil, et non
point au Seigneur, que marguerites et boutons d'or demandent
grâce). Aussi sommes-nous en droit de trouver bien "légère" (au
sens de "dérisoire", cf. Brunel, 1987, p.140) la "pharmacie" (la
médication) indiquée à ce père pour soigner son
fils et bien hypothétique la performativité de la parole du
Christ. "Comment André Thisse, s'insurge Pierre Brunel,
a-t-il pu écrire que « le poète ne semble douter ni du miracle
de Cana, ni de la guérison du fils de l'officier » ?" (ibid). Je
partage cet étonnement. Rimbaud, par ses silences, a-t-il voulu favoriser de tels conflits
d'interprétation ? On peut le croire.
Comme
Yann Frémy l'a montré dans son article d'Europe
(2009), il est bien possible que Rimbaud, par son ellipse
sur le dénouement de notre épisode et la latitude qu'il nous
offre de la combler à notre fantaisie, ait été inspiré par
le commentaire qu'en fait d'Holbach (où l'on remarquera
incidemment l'importance du vocabulaire médical qui peut
avoir soufflé à Rimbaud le mot "pharmacie") :
"Le
Messie se trouvant auprès de Cana, crut devoir y entrer,
attendu que ci-devant il y avait fait un miracle ; un
officier de Capharnaüm, dont le fils était malade de la
fièvre, se rendit en ce lieu pour essayer des remèdes de
Jésus, dont tant de gens vantaient l'efficacité. En
conséquence, il prie le médecin de venir chez lui pour
guérir son fils ; mais notre Esculape, qui n'aimait
point à opérer sous des yeux trop clairvoyants, se défit
de l'importun de façon à ne point se compromettre en cas
qu'il ne réussît pas : « Allez, dit-il à l'officier,
votre fils se porte bien ». Cet officier approchant de
chez lui apprit que la fièvre, qui peut-être était
intermittente, avait quitté son fils ; il n'en fallut
pas davantage pour crier au miracle, et pour convertir
toute la famille." Paul Thiry Baron d'Holbach,
Histoire critique de Jésus-Christ ou Analyse raisonnée
des Évangiles, Droz, 1997, p.266-267 (cité par
Frémy, Europe, p.156).
Autre sujet
d'interrogation. Pourquoi Jésus se dirige-t-il vers les "rues
moins fréquentées" ? Était-ce pour fuir l'agitation de la ville ?
Pour éviter qu'on lui réclame de nouveaux miracles ? Qu'on lui
demande des comptes ? Ou bien s'agit-il d'un simple détail
réaliste : il passe par des "rues moins fréquentées" parce que
les rues des faubourgs, celles que l'on emprunte quand on quitte
une ville, sont toujours moins passantes que le centre des
villes ? Là encore, l'interprétation du texte paraît avoir été
volontairement laissée assez "ouverte". Yoshikazu
Naraji tranche la question ainsi :
"Or,
après avoir assuré l'officier de la guérison de son
fils, « Jésus continua par les rues les moins
fréquentées », dit [Rimbaud] comme pour suggérer que
Jésus voulait se cacher aux yeux des gens. Cette phrase
semble signifier la même crainte que celle qu'on a
remarquée à la fin du premier morceau (« Jésus n'a rien
pu dire à Samarie ») : que son inefficacité de
thaumaturge, une fois révélée, ne les révolte et que
leur déception exaspérée ne les incite à l'agresser."
(op. cit., p.459).
Des liserons, des bourraches montraient
leur lueur magique entre les pavés. Enfin il vit au loin la
prairie poussiéreuse, et les boutons d'or et les marguerites
demandant grâce au jour.
Cet excipit
lyrique ne doit pas être réduit à la recherche d'un
pittoresque oriental, une tendance qu'on observe chez
Bouillane de Lacoste : "Pourquoi les boutons d'or et les
marguerites demandent-ils grâce au jour et que signifie
cette expression ? Le contexte nous le fait comprendre :
Rimbaud nous transporte en Orient à la fin d'une chaude
journée ; la prairie est poussiéreuse, les fleurs meurent de
soif et sont heureuses de sentir la nuit proche" (op. cit.
1948, p.17). À cette explication, qui n'est évidemment pas
fausse, Pierre Brunel a raison d'ajouter que, plus
fondamentalement, le passage suggère "une sorte de
concurrence entre le naturel et le surnaturel". Ne voyez
ici, semble nous dire Rimbaud : "Point d'autre magie que
celle des liserons et des bourraches, dont les vertus
médicinales sont bien connues. Point d'autre « grâce » que
celle qu'accorde le jour à la prairie poussiéreuse, aux
boutons d'or et aux marguerites" (op. cit. 1987, p.140). Le
liseron et la bourrache sont des plantes fétiches pour
Rimbaud, rappelle Brunel. Voir à ce propos Fêtes de la
faim et Alchimie du verbe. "Le rapprochement
entre le pouvoir de ces plantes et la « pharmacie légère »
(quelques mots de Jésus) avec laquelle est reparti
l'officier de Capharnaüm n'est pas fortuit" (ibid. p.125,
note 15). De même, le culte païen du soleil, dieu
simultanément redoutable et sublime, mortel (quand il écrase
les hommes de sa chaleur) et vital (par son rôle essentiel
dans le cycle végétal), est un thème récurrent dans l'œuvre
de Rimbaud (cf. Bannières de mai, Éternité et
Alchimie du verbe, entre autres). C'est pourquoi,
dans cette conclusion du texte : "Le jour, — comme plus haut
la force de la jeunesse — sont [...] les vraies divinités :
et Jésus le sait bien" (ibid. p.125, note 16).
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