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SUR LES ILLUMINATIONS :



La bibliographie des Illuminations est extrêmement riche, proliférante, dispersée. Aucun ouvrage, selon nous, ne se détache avec une évidence absolue. Pour cette raison, le lecteur a intérêt à se reporter aux notices bibliographiques poème par poème qui accompagnent notre Anthologie commentée. Les deux dernières décennies ont cependant été marquées par la publication en cascade d'ouvrages de grande valeur (essais, ou compilations d'articles). Voici quelques références essentielles :

 
André Guyaux, Poétique du fragment, À la Baconnière, 1985.

Illuminations, texte établi et commenté par André Guyaux,
À la Baconnière, 1985.

Ouvrages essentiels pour l'établissement des textes. L'édition critique est cependant un peu décevante dans ses commentaires qui se limitent volontairement à une description de la forme. Fut-ce refus par principe de toute lecture allégorique ? Façon de sacrifier au culte structuraliste du Texte, au dogme de l’autoréférentialité du texte littéraire ? Dans son édition des Œuvres complètes de Rimbaud de La Pléiade (2009) A.G. semble avoir abandonné sa thèse selon laquelle les Illuminations ne seraient qu'un collage plus ou moins aléatoire de fragments indépendants. Il revient à l'agencement de la première Pléiade (celle de Mouquet et Rolland de Renéville, 1949).

Antoine Raybaud, Fabrique d'Illuminations, Seuil, 1989.

Ce bel essai, qu'un attrait pour la virtuosité verbale rend parfois difficile, montre l'enracinement de Rimbaud dans la culture du XIXe siècle et analyse les démarches d'écriture par lesquelles "il fait sans cesse acte de modernité". Malheureusement, les textes n'y sont étudiés que comme des exemples à l'appui de la démonstration d'ensemble.

Bruno Claisse, Rimbaud ou "le dégagement rêvé", Bibliothèque sauvage, 1990.
       
Les Illuminations et l'accession au réel, Classiques Garnier, 2012.

Recherchant la clé des difficultés du texte rimbaldien dans la "culture" polymorphe du jeune poète (ses curiosités scientifiques, politiques, philosophiques, artistiques ; ses lectures journalistiques tout autant que littéraires) Bruno Claisse est un des chercheurs qui a le plus fait, ces dernières années, pour faire reculer le mythe de l'illisibilité des Illuminations. Lire en particulier dans Parade sauvage ses commentaires sur "Mouvement" (PS n° 19, décembre 2003), "Nocturne vulgaire" (PS n°16, mai 2000), "Villes" (PS-Colloque n°4, 13-14 septembre 2002). Ces travaux extrêmement suggestifs ont été repris, accompagnés de plusieurs inédits, dans son livre de 2012. Son propos essentiel vise à dévoiler ce qu'il appelle l'"idéologie des Illuminations", ou encore "l'implication réciproque du poétique et du politique dans cette œuvre-phare de la modernité". 

André Guyaux, Duplicités de Rimbaud, Champion-Slatkine, 1991.

Ce recueil d'articles principalement consacrés aux Illuminations propose de bonnes études sur Matinée d'ivresse, Antique, H, Marine, Mouvement, retrace les "généalogies du poème en prose rimbaldien" (p.43-56) et fait le point sur "un siècle d'analyses des Illuminations" (p.179-211). À signaler en outre un éclairage très suggestif d'Alchimie du verbe (Une saison en enfer), prosimètre simultanément autocritique et anthologique dédié par Rimbaud à ses poèmes de 1872 et, à ce titre, "chef-d'œuvre de duplicité".

Albert Henry, Contributions à la lecture de Rimbaud, Académie royale de Belgique, 1998.

Albert Henry se fait l'avocat d'une lecture au ras du texte, philologiquement rigoureuse, sensible et intuitive. Il se méfie de l'exégèse allégorique ou symbolique. Plutôt que de s'arrêter aux aspérités de détail, il tente de saisir la structure et la logique d'ensemble des textes. C'est souvent très intéressant.

Sergio Sacchi, Études sur les Illuminations de Rimbaud, Presses de la Sorbonne, 2002.

À travers ses commentaires de textes, ce critique italien tente surtout de capter les lignes de force d'un imaginaire, d'une sensibilité, d'une "vision du monde" propres à l'auteur. Ses analyses détaillées et pleines de finesse le rattacheraient plutôt à la tradition de la critique thématique. 

Pierre Brunel, Éclats de la violence, Pour une lecture comparatiste des Illuminations d'Arthur Rimbaud, Corti, 2004.

C'est une somme d'érudition. Un commentaire fouillé de chacun des textes du recueil. Un appareil de notes extrêmement développé. Pierre Brunel dégage ses propres interprétations dans un dialogue constant avec la tradition critique. Les gloses restent parfois un peu vagues, la méthode "comparatiste" annoncée par le titre entraîne des digressions érudites qui aident rarement à surmonter les difficultés du texte, mais l'ouvrage est incontournable.

Antoine Fongaro, De la lettre à l'esprit. Pour lire Illuminations, Champion, 2004.

Antoine Fongaro est "l'un des plus astucieux, logiques et érudits commentateurs des Illuminations" (S. Murphy, Parade sauvage, n°20). Il insiste sur quelques points de méthode qui se sont révélés efficaces : l'importance des sources (Rimbaud fut un grand lecteur et un grand recycleur de textes lus) ; l'homogénéité du texte des Illuminations (les poèmes s'éclairent souvent les uns par les autres) ; l'obscénité cryptée (les obscurités du texte voilent souvent des obscénités).