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SUR UNE SAISON EN ENFER :


Margaret Davies, Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud. Analyse du texte, Archives des lettres modernes, 125 p., Minard, 1975.

Un bref commentaire au fil du texte dont le cadre d'analyse sera repris, en gros, par la plupart des exégètes ultérieurs. L'auteur suit minutieusement ce qu'elle appelle le "mouvement dialectique" d'une pensée qui cherche à dépasser un dualisme stérile et conclut qu'Une saison en enfer n'est pas seulement la relation d'un combat intérieur de caractère autobiographique mais aussi "l'histoire de l'homme occidental moderne qui, se libérant de Dieu, essaie, en surmontant la peur, la nostalgie et l'angoisse, de se créer une nouvelle foi centrée dans l'homme même."

Pierre Brunel, Une saison en enfer. Édition critique par Pierre Brunel, 358 p., José Corti, 1987.

Une édition critique très complète : notes, commentaires chapitre par chapitre, étude des brouillons. Ouvrage stimulant, d'une grande érudition, et unique en son genre. Le « damné », dit P. Brunel, crie tout au long de sa confession son impuissance à « changer la vie », son sentiment de « faiblesse » devant « le monde » (la société) et, corrélativement, sa quête obstinée de « la force ». Comme son presque contemporain William Blake, Rimbaud semble penser que : « L’énergie est la seule vie. […] Énergie est éternel délice » (p.12). Première responsable de la « faiblesse » qui  le crucifie, la « religion d’enfance » est la cible constante des railleries du locuteur. Mais Rimbaud, « parce qu’il est antichrétien, reste chrétien » (p.18), ce dont il rage.

Yoshikazu Nakaji, Combat spirituel ou immense dérision ? Essai d'analyse textuelle d'Une saison en enfer, 238 p., José Corti, 1987.

Cette thèse universitaire met au centre de sa problématique "la relation complexe de 'je' avec le christianisme" (p.12). Le volume analyse de façon précise chacun des chapitres de la Saison et met en évidence son écriture polyphonique. Une référence incontournable. Le grand rimbaldien japonais a fourni un excellent résumé de sa lecture de l'œuvre dans un article intitulé : "Une saison en enfer. Une vie fictionnelle pour demain" (Rimbaud, l'invisible et l'inouï, ouvrage collectif, PUF, 2009).

Dix études sur Une saison en enfer, André Guyaux éd., ouvrage collectif, Neuchâtel, La Baconnière, 1994.

Important volume collectif où l'on pourrait citer l'article méthodologique de Jean Molino (qui prône une exégèse fondée sur l'enquête philologique, refusant aussi bien le biographisme sommaire que l'absurde négation de la référence et du sens), l'analyse des brouillons de Mauvais sang et de Nuit de l'enfer (Fausse conversion) par Yoshikazu Nakaji et l'étude stylistique de Nuit de l'enfer par Danièle Bandelier ("L'expression de la douleur dans Nuit de l'enfer").

Yann Frémy, « Te voilà, c’est la force. » Essai sur Une saison en enfer de Rimbaud, Éditions Classiques Garnier, Coll. Études rimbaldiennes, 2009.

Approche philosophique qui renouvelle le discours critique sur l'œuvre. Ce qui définit le mieux le « sujet » qui se raconte et se cherche dans la Saison, c’est, nous dit Yann Frémy, la quête de l’énergie, seul moyen d’échapper à l’apathie existentielle. Étudiant successivement les différentes sections à partir de cette problématique, l’auteur montre que cette quête est omniprésente mais qu'elle se heurte à de tragiques limites, engendrant des tourments et des conflits auxquels la conclusion d’Adieu ne semble apporter qu’une précaire solution.