|
BIBLIOGRAPHIE D'ANTOINE FONGARO
Antoine
Fongaro, après avoir enseigné à Rome puis à Florence, a
terminé sa carrière à la Faculté des Lettres de l’Université
de Toulouse. Il a publié plusieurs articles et quelques
ouvrages sur Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, Rimbaud,
Apollinaire, Reverdy, Éluard, Breton. Il s’est occupé de la
"réception" en Italie des œuvres de Verlaine et de Gide,
et il a traduit des textes des deux poètes Luzi et Bigongiari.
Sur Rimbaud
Cahiers de la revue Littératures :
-
Sur Rimbaud : lire Illuminations / Antoine Fongaro / Toulouse : Service des
publications de Toulouse-le Mirail, 1985.
-
"Fraguemants" rimbaldiques /
Antoine Fongaro / Toulouse : Presses universitaires du
Mirail , 1989.
-
Matériaux pour lire Rimbaud
/
Antoine Fongaro / Toulouse : Presses universitaires du
Mirail-Toulouse, 1990.
-
Segments métriques dans la prose d'Illuminations /
Antoine Fongaro / Toulouse : Presses universitaires du Mirail-Toulouse , 1993.
-
Rimbaud : texte, sens et interprétations / Antoine Fongaro /
Toulouse : Presses universitaires du Mirail, 1994.

Les
principales contributions rimbaldiennes de l'auteur ont
été reprises dans :
-
De la lettre à l'esprit : pour lire
Illuminations /
Antoine Fongaro / Paris : H. Champion , 2004.
-
Le soleil et la chair : lecture
de quelques poésies de Rimbaud / Antoine Fongaro / Paris :
Éd. Classiques Garnier, 2009.

Articles
ultérieurs :
-
"Chez Rimbaud,
la « lettre » est « cachée »" / Antoine Fongaro /
Firenze : Rivista di
Letterature moderne e
comparate, IX, 1, 2007.
-
"Notes de lecture" /
Antoine Fongaro / Parade sauvage. Revue d'études
rimbaldiennes, N°22, Classiques Garnier, 2011,
p.179-193.
-
"Nouvelles notes de
lecture" /Antoine Fongaro / Parade sauvage. Revue
d'études rimbaldiennes, N°23, Classiques Garnier, 2012,
p.223-238.
-
"« Platebandes d'amaranthes »,
Verlaine et le surréalisme" /Antoine Fongaro / Parade sauvage. Revue
d'études rimbaldiennes, N°23, Classiques Garnier, 2012,
p.223-238.
-
"Le dernier Rimbaud : Dévotion
et le zutisme" / Antoine Fongaro / Rivista di
Letterature moderne e
comparate, LXV, 2, avril-juin 2012, p.167-185.
-
"Nouvelles notes de
lecture" / Antoine Fongaro / Parade sauvage. Revue
d'études rimbaldiennes, N°24, Classiques Garnier, 2013,
p. 279-286.
-
"Un brelan de « veillées »
et la dernière « saison » de Rimbaud" / Antoine Fongaro / Firenze : Rivista di
Letterature moderne e
comparate, 2013, LXVII, 4 ottobre-dicembre 2013,
p.319-335.
-
"Lecture de Vies de Rimbaud" / Antoine Fongaro /
Firenze : Rivista di
Letterature moderne e
comparate, avril-juin 2014.
-
"Fleurs rimbaldiques"
/Antoine Fongaro / Parade sauvage. Revue d'études
rimbaldiennes, N°25, Classiques Garnier, 2014,
p.209-222.
-
"La Fin de Barbare" / Antoine
Fongaro / Parade sauvage. Revue d'études rimbaldiennes, N°25, Classiques Garnier, 2014,
p.243-257.
Collector :
-
Trente années d'études rimbaldiennes 1957-1987
/
Antoine Fongaro / comptes rendus dans Studi francesi,
1987, 57 p. (édition photocopiée par les soins de
l'auteur de ses comptes rendus concernant Rimbaud dans
Studi francesi, hors-commerce).
Sur Verlaine
-
Poésies choisies / Paul Verlaine, avec un
commentaire d'Antoine Fongaro / Rome : A. Signorelli,
1954 (2e éd. entièrement refaite, 1959).

-
"L'espoir luit..." /
Antoine Fongaro / Lille : Revue des Sciences Humaines
n°77-78, avril-juin 1955, p.227-256.
-
"Notes sur la genèse de Cellulairement " / Antoine Fongaro / Lille : Revue
des Sciences Humaines, avril-juin 1957, p.165-171.
-
Bibliographie de Verlaine en Italie / Antoine Fongaro /
Florence : Institut français de Florence, 1957 (2éd.
refaite, Firenze : Sansoni, 1976).
-
"Verlaine
et Marceline Desbordes-Valmore" / Antoine Fongaro /
Torino : Studi francesi, 2, 1958, pages 442-445."Sur
Verlaine et Marceline Desbordes-Valmore" / Antoine
Fongaro /
Torino : Studi francesi, 8, mai-août 1964, pages
288-289.
-
"Un
exemple de compétition entre Verlaine et Rimbaud" /
Antoine Fongaro / in Le sens et la mesure, De la
pragmatique à la métrique, Hommages à Benoît de
Cornulier, Textes réunis et édités par Jean-Louis
Aroui, Champion, 2003, pages 245-255 [sur Marine et
Beams].
-
"Les
traductions italiennes de Verlaine" / Antoine Fongaro /
Charleville-Mézières : Revue Verlaine n°5, 1997,
p.138-172.
-
"Un
étrange diptyque" / Antoine Fongaro /
Charleville-Mézières : Revue Verlaine n°10, 2007.
Sur Baudelaire
-
"Sources de Baudelaire" /
Antoine Fongaro / Lille : Revue des sciences humaines,
janvier-mars 1957, p.89-96 (repris dans Quelques
images
dans Les Fleurs du mal).
-
"La Beauté, fleur du Mal"
/ Antoine Fongaro / Studi francesi, n°12 (II, III)
sept.-déc. 1960.
-
"Compte rendu de M.Riffaterre Describing poetic structures /
Antoine Fongaro /
Torino : Studi francesi 34, 1968, p.181-182.
-
Deux années d'études
baudelairiennes (juillet 1966-juin 1968) / Avec un
avant-propos par Antoine Fongaro et une introd. par Ll. J.
Austin. Matériel bibliographique recueilli et publié par
Antoine Fongaro, Gianni Mombello, et Patrizia Rocchi /
Torino : Società editrice internazionale, 1970.
-
Baudelaire : dallo specchio alla scena, uno stadio
ripetitivo / Bernard Delmay, Maria Carmela Lori ; con una
presentazione di Antoine Fongaro... / Firenze : F. Cesati,
1983.
-
Quelques images dans
Les Fleurs du mal / Antoine
Fongaro / Toulouse : Presses universitaires du
Mirail-Toulouse, 1988.

-
"Baudelaire, les zoocrates et la plastique" / Antoine
Fongaro /
Firenze : Rivista di
Letterature moderne e comparate. 49, N°4, 1996.
-
"Les Lorettes, Baudelaire et quelques autres / Antoine
Fongaro / Firenze : Rivista di Letterature moderne e
comparate. 56, N°2, 2003.
Sur Apollinaire
-
"J'étais guidé par la
chouette" / Antoine Fongaro / La Revue des lettres
modernes, n°6 de la série Apollinaire : images d'un
destin, n°166-169, 1967.
-
Apollinaire poète : exégèses et
discussions 1957-1987 / Antoine Fongaro / Toulouse : Presses
universitaires du Mirail-Toulouse , 1988.
-
Le théâtre italien de
Guillaume Apollinaire / Antoine Fongaro / Jambes
(Belgique) : DRESAT,
1995.
-
Apollinaire, traducteur des
Sonnets luxurieux de l'Arétin / Antoine Fongaro / Jambes
(Belgique) : DRESAT, 1999.
Les principales contributions de l'auteur aux études apollinariennes
ont été rassemblées dans :
-
Culture et sexualité dans la poésie d'Apollinaire / Antoine Fongaro / Paris : H. Champion, 2008.

En ligne :
Collector :
-
Trente années d'études apollinariennes 1957-1986
/
Antoine Fongaro / comptes rendus dans Studi francesi,
1987, 95 p.(édition photocopiée par les soins de
l'auteur de ses comptes rendus concernant Apollinaire
dans Studi francesi, hors-commerce).
Articles
sur
divers poètes (Mallarmé, Reverdy, Éluard, Breton, ...)
-
"La Poétique de Pierre
Reverdy" / Antoine Fongaro / Marseille : Les Cahiers du
Sud n°327, fév.1955.
-
"L'Après-midi d'un faune et le
Second Faust" / Antoine Fongaro / Lille : Revue des sciences
humaines, 1956.
-
"Mallarmé et Victor Hugo" / Antoine Fongaro / Lille :
Revue des sciences humaines, 1965.
-
"Deux notes sur
Eluard : « La danse
et Valéry », « Le crâne et
Hugo »" / Antoine
Fongaro / Studi Francesi, maggio-augusto 1974.
-
"Éluard et Hugo,
encore" / Antoine Fongaro /
Torino : Studi francesi, anno XXVII,
fasc. II, n. 80, magg.-agosto 1983, p.302-304.
-
"Poétiques reverdiennes,
surréaliste et autres" / Antoine Fongaro / Toulouse :
Revue Littératures, Presses Universitaires du
Mirail, 23, automne 1990, p.266-286.
-
"Réminiscences chez Éluard" / Antoine Fongaro /
Toulouse : Littératures, 26, printemps 1992, p.179-200.
-
"Notions chrétiennes dans les textes de Breton" /
Antoine Fongaro / Firenze : Rivista di Letterature
moderne e comparate. 57, N°1, 2004.
-
“Breton, l’éternité ou le
sacré ” / Antoine Fongaro / Torino : Studi francesi 48,
jan-avr 2004, p.141-142.
-
"Daffodils
de Piero Bigongiari ou le silence du poème" / Antoine
Fongaro / Paris : Revue des études italiennes n°50, 3-4,
L'âge d'homme, juillet-décembre 2004.
Études
diverses, éditions, préfaces, introductions,
notes et commentaires...
-
L'existence dans les romans de
Julien Green / Antoine Fongaro / Rome : A. Signorelli, 1954.
-
Pages sur l'Italie /
F.R. de Chateaubriand / Commentaires et notes par J.M. Gautier
avec la collab. d'A. Fongaro / Rome : A. Signorelli, 1956.
-
Le Petit Prince : avec des
aquarelles de l'auteur / Antoine de Saint-Exupéry ;
commentaire par Antoine Fongaro / 4. ed. / Roma : A.
Signorelli , 1961.
-
Ondine / Giraudoux. Introd. et notes par A. Fongaro et A.
Rossetti / Rome : A. Signorelli, 1962.
-
"A-t-on lu La fée aux miettes ?" / Antoine
Fongaro / Lille : Revue des sciences humaines, 1962.
-
Le Maître de Santiago / Henry de
Montherlant ; Introd. et notes par Antoine Fongaro / Rome :
A. Signorelli, 1963.
-
Printemps de sang / George de Canino ; préface d'Antoine Fongaro / Rome : Valori Plastici, 1979.
-
Un amore di Proust / Maria Carmela Lori ; presentazione di Antoine Fongaro / Firenze :
F. Cesati, 1993.
-
"Roccaforte dans l'Orlando furioso" / Antoine Fongaro /
Firenze : Rivista di Letterature moderne e comparate.
58, N°3, 2005.
Bibliographies
-
Bibliographie de Corbière,
Lautréamont & Laforgue en Italie / Esther de Giovine ;
introduction par Antoine Fongaro / Firenze : Edizioni
Sansoni Antiquariato, 1962.
-
Bibliographie d'André Gide en Italie
(1895-1963) / Antoine Fongaro / Firenze : Sansoni, 1966 (Nouvelle éd. Institut
français de Florence, 2000).
Traductions
-
Sur les routes de l'Europe avec
François Pétrarque / Aleardo Sacchetto ; Trad. de Antoine
Fongaro / Firenze : F. Le Monnier , 1958.
-
Poésies /
Piero Bigongiari ; trad. par Antoine Fongaro / Paris :
Institut culturel italien, 1972.
-
Poèmes de Mario Luzi / choisis et
traduits par Antoine Fongaro / Marseille : SOPIC , S.D.,
1967.
-
Vie
fidèle à la vie /
Mario Luizi ; édition bilingue traduite par Pascale
Charpentier et Antoine Fongaro / Rome : Villa Médicis,
Obsidiane, 182p.,1984.
-
La nuit lave l'esprit / Mario Luzi ; poèmes traduits de l'italien par
Antoine Fongaro / Paris : L'Alphée, impr. 1985
-
Ni terre ni mer : 1964-1984 /
Piero Bigongiari ; choix, présentation et traduction par
Antoine Fongaro / Paris : E.L.A. la Différence, impr. 1994. En ligne :
Non l'être mais les êtres, lecture par Michel Favory.

-
Prémices du désert ; suivi de
Honneur du vrai / Paris : Éd.
de la Différence, impr. 1994.
-
Les Remparts de Pistoia
/
Piero Bigongiari ; traduction par
Antoine Fongaro / Paris : E.L.A. la Différence,
1994.
-
Mario Luizi présenté et
traduit par Antoine Fongaro / Revue Friches,
Cahiers de poésie verte, n°68, hiver 1999-2000.
-
Prémices du désert : poésie 1932-1957 [i.e. 1956] / Mario
Luzi ; préface et notes de Jean-Yves Masson ; traduit de
l'italien par Jean-Yves Masson et Antoine Fongaro / Paris :
Gallimard, DL 2005.
________
Ceci est une ébauche, à compléter. Sources principales :
IdRef et
WorldCat.
http://www.idref.fr/026868253#070
http://www.worldcat.org/search?q=au%3AFongaro%2C+Antoine.&qt=results_page

|
UN MAÎTRE
Antoine Fongaro, qui
vient de disparaître, aura été à plus d’un titre
ce qu’on peut appeler « un maître ». Principalement,
bien sûr, à cause de toutes les trouvailles que nous
lui devons, en tant qu’exégète rimbaldien. Une
fécondité elle-même due à son érudition, à sa
méthode fondée sur un respect scrupuleux du texte et
à un sens de l’humour qui le prédisposait à
sentir mieux que d’autres tout ce qu’il y a de
souvent « pas sérieux » chez notre cher poète, même
passé l’âge de dix-sept ans.
Mais aussi parce qu’il s’est toujours voulu fondamentalement et
inlassablement pédagogue. Il était convaincu que la
vulgate rimbaldienne n’est qu’un amoncellement de
sornettes et que le premier rôle de la recherche
était, poursuivant les efforts d’Étiemble, de
prémunir le lecteur contre les ravages du « mythe ».
En quelque sorte, de l’éduquer. Sans grand espoir,
selon lui, car « le travail hygiénique d’Étiemble a
été inutile : le flot des élucubrations sur le texte
de Rimbaud a continué à déferler sans le moindre
signe de ralentissement. » S'exprimant de la
sorte en 1989,
dans l’avertissement liminaire de ses « fraguemants »
rimbaldiques, Fongaro, comme souvent, forçait un
peu le trait. Mais tel était le fond de sa pensée.
Ceci dit, l’homme était tout à fait capable d’ironie
concernant ses côtés donneur de leçons. Par
exemple, il pouvait vous faire l’envoi d’un de ses
livres en s’excusant, presque, sur la page de garde,
de vous adresser « ce “machin” où j’ai l’air d’un
Don Quichotte contre les moulins à vent — mais je
préfère être Don Quichotte que les moulins à
vent(s) ».
Un « maître », enfin, à mes yeux, pour en
avoir assumé la louable et particulière fonction en ma faveur. Lorsque
j’ai entrepris ce site internet consacré à Rimbaud, c’est vers lui que je me
suis d’abord tourné pour obtenir, sur ce que j’osais écrire
et publier, l’avis d’un spécialiste. Vers lui, spécialement,
parce que ma motivation était de comprendre tant de textes
qui me résistaient et que j'avais repéré dans ses "Cahiers" rimbaldiens des PUM ce qui m'intéressait : quelqu'un qui affirmait,
contre une mode intellectuelle en vigueur, que « tout texte
littéraire, quelque original, quelque hermétique qu'il soit,
a un sens et même un seul sens », un sens
accessible pour qui s'en donne la peine, et
qu'il en est ainsi même pour Rimbaud (la citation vient de
Sur Rimbaud. Lire Illuminations, PUM, 1985, quatrième de
couverture). Un long échange de
plusieurs années s’en est suivi. Et je dois rendre à mon
interlocuteur d’alors l’hommage de dire qu’il a répondu à ma
demande avec une gentillesse rare. Je crains même qu’il ait
dû déployer, pour me venir en aide, une grande patience. En
effet, j’étais, alors, fort imprégné encore de la
« vulgate » et, de par mes habitudes de prof du secondaire
peut-être, je ne concevais pas étude de texte qui n’eût, peu
ou prou, la forme d’un commentaire composé, c’est-à-dire
d’une interprétation globale. Autant dire, tout ce qu’il
détestait.
J’aurais dû m’en douter. J’avais lu son
Rimbaud : texte, sens et interprétation (1994) où il
écrivait : « Il n’est pas possible de donner une explication
globale d’un texte, tant que ne sont pas éclairés tous les
éléments de ce texte […] » (p.5). Mais j’avais
mal saisi toute la portée de cette maxime. Il me le fit bien voir.
Les premiers travaux que je lui soumis me revinrent (disons)
richement annotés. Une fois que je lui demandais s’il
pouvait me conseiller (je ne me souviens pas si c’était sur
Rimbaud, en général, ou à propos d’un poème particulier)
deux ou trois « lectures » de textes pertinentes, il me
répondit à peu près : « Mais rien de tel n’existe, mon jeune
ami. J’ai pu repérer ici ou là quelques gloses de détail
utiles, mais c’est tout ! » (j’étais presque déjà à la
retraite mais je dois admettre qu'il avait quand même quelques années de plus que
moi). Ce jour-là, je compris qu’il faudrait que je lise par
moi-même tout ce qui avait été écrit sur Rimbaud. Avec le recul,
je conviens que le conseil n’était pas mauvais : « L’exercice a
été profitable, Monsieur », comme dit le jeune John Mohune, dans
Les Contrebandiers de Moonfleet.
La méthode d’Antoine
Fongaro, si l’on peut prétendre la résumer, consistait donc à
refouler en soi, autant que possible, « la manie
interprétative » (ibid. 1989) et à se retenir de fournir toute
lecture globale « tant que n’auront pas été expliqués
objectivement, sans idées préconçues, au moyen des diverses
ressources de la critique littéraire (histoire, biographie,
psychologie, vocabulaire, grammaire, stylistique, etc.), tous
les détails du texte. » (« Avertissement » de Matériaux pour
lire Rimbaud, 1990).
Mais Fongaro ajoutait
par ailleurs :
« […]
l’accumulation des explications de détail finit bien par fournir
au moins une orientation pour l’exégèse globale non seulement
d’un texte isolé, mais encore de l’ensemble du texte rimbaldien.
J’ose espérer que les “notes” que je multiplie depuis plus de
trente ans ne permettent guère une interprétation en clé de
“voyance”, ni en clé “visionnaire”, pas même en clé idéaliste ou
spiritualiste, mais ramènent à une lecture où interfèrent la
biographie (avec l’obscénité, Verlaine, etc.), la satire
littéraire (contre les Parnassiens, Verlaine, Hugo, etc.), tout
cela enrobé dans une observation (vue perçante, nullement
“voyance”) extraordinaire de la réalité. Rimbaud écrivain est
matérialiste et engagé ; cela ne diminue en rien la valeur de
son œuvre. » (ibid.1994).
De fait, à partir du
« détail » qu’il étudie, Fongaro débouche
souvent sur une vision d'ensemble du poème. Et il a, plus d’une fois, consacré à
divers textes de remarquables lectures globales.
La patience
herméneutique prônée par Fongaro m’a toujours semblé, bien
qu’admirable, une doctrine un peu trop rigoriste. Elle
exigeait du commentateur une érudition de spécialiste et une
ténacité de chercheur que, de toutes façons, personnellement, je n’avais pas. Et
donc, comme tout familier de ce site a pu s’en rendre compte,
j’ai adopté la ligne de conduite pratiquement inverse consistant à
assumer, chaque fois que possible, le risque de
l’interprétation, de l’interprétation globale. Relever
hardiment, imprudemment sans aucun doute, le défi que nous lance
Rimbaud quand il nous dit : « trouvez Hortense ! ». Le lecteur
n’est-il pas assez averti (par la réputation abusive
d’obscurité, voire d’illisibilité de Rimbaud) sur la fragilité
des hypothèses qui lui sont soumises ? Ce que j’ai par contre
retenu de lui, je crois (j'espère), c’est le devoir de respecter le
texte dans sa littéralité, de l’observer « à la loupe » dans
toutes ses « singularités », comme l’anatomie de Vénus Anadyomène,
tâche que j’essaie de mener à bien en m’appuyant sur une bonne
connaissance de la littérature critique. Quant à l’idée qu’il se
faisait de Rimbaud, telle qu’explicitée dans la citation
précédente, j’en revendiquerais volontiers l’héritage.
Humblement, et avec toute la gratitude qu’il me convient
d’exprimer envers celui qui, d’abord, me l’a enseignée.
A.B.,
Toulouse, le 8 avril 2016.

|