Arthur Rimbaud, le poète / Accueil > Anthologie commentée / Sommaire > Mauvais sang (section 6) |
Mauvais sang, Une saison en
enfer, avril-août 1873.
.
section 1
|
|
Les blancs débarquent. Le canon ! Il faut se soumettre au baptême,
s'habiller, travailler. __________
|
|
La section 6 est tout
entière consacrée à ce qu'on pourrait appeler : le monologue du
converti. La chose commence très ironiquement sous le déguisement du
"nègre" qui voit débarquer les blancs et qui reçoit le
coup de la grâce (détournement facétieux de la locution "le
coup de grâce"). Physiquement anéanti, l'innocent indigène est
dès lors spirituellement sauvé. En effet, il est vierge de tout péché,
n'ayant eu jusqu'ici aucune idée du bien et du mal. Il va donc aller
droit au paradis, comme les enfants morts sans baptême, ainsi que l'enseigne la
religion. Vite !, il va savoir s'il existe d'autres
vies après la mort. Et Rimbaud continue à réciter son catéchisme
... catholique et socialiste : l'argent n'est rien (les premiers seront
les derniers) ; la richesse appartient à tous ; seul compte l'amour divin
; il n'y a d'autre connaissance que celle qui nous vient de Dieu ; l'homme
est bon naturellement ... Puis, vient la métaphore du navire
sauveur, dont le Hugo de Plein ciel a fait l'allégorie
d'une double mystique, celle du Progrès social et celle du Salut
chrétien (on retrouvera cette image presque identique dans
"Adieu", à la fin de la Saison). Dans une surenchère de
bonté, le dévot personnage s'étonne d'être seul élu, il voudrait que
ses amis l'accompagnent sur l'arche. C'est le triomphe de la raison et de
la fraternité. Rien à voir, nous assure le locuteur, avec la religion naïve de
l'enfance ni avec ces conversions douteuses à l'article de la mort. |