RIME
CONSONANTIQUE : On désigne parfois par ce terme les expériences
tentées par Rimbaud dans ses poèmes de l’année 1872, visant à créer
un effet de rime par le seul retour de certaines consonnes en fin de
vers. Rimbaud « qui cherchait alors, comme il l’avoue dans Une
saison en enfer, à
« régl[er] la forme et le mouvement de chaque consonne »,
tentait […] de substituer aux arrangements traditionnels un dispositif
où les seules consonnes se répondissent » (Étiemble, op. cit.)
Étiemble
décèle ces expérimentations rimbaldiennes de « rimes
consonantiques » dans plusieurs textes du printemps 72. Dans L’Éternité,
Rimbaud propose les "rimes" : sentinelle/nulle ;
élans/selon ; seule/exhale.
Dans Bannières de mai, Étiemble repère le système suivant de
rimes consonantiques (chaque point note une voyelle) :
ll..l
ll...l
ll.s
ll.s
v..n.s
v.gn.s
communient
[seule fin de vers à rester en suspens]
ss.
ss.
Cependant, commente Étiemble, certaines de ces consonances ne
sont que pour l’œil : les doubles « l » de hallali
et de tilleuls, de spirituelles et de groseilles sont de natures phonétiques
différentes : tantôt [l], tantôt [y] (yod). « Malheureusement,
on ne le sait que trop bien par le sonnet des Voyelles, Rimbaud
n’était pas habile en phonétique. Il confond toujours les
lettres-voyelles avec les sons-voyelles […] victime de l’écriture,
il ne connaît pas mieux la phonétique des consonnes que celle des
voyelles, et oublie que la poésie est de la bouche pour l’oreille »
(op. cit. p. 45-46).
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Bibliographie
Étiemble,
"Sur les Chansons spirituelles", Rimbaud,
système solaire ou trou noir ?, PUF, 1984.
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