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Lexique des termes littéraires 

du site Lettres.org

Rimbaud, le poète (accueil)  > Glossaire stylistique

Alinéa
ALLÉGORIE
ALLITÉRATION
ANALOGIE

ANAPHORE
ASSONANCE
ASYNDÈTE
CÉSURE

CHANSON

CHUTE
Clausule
Comparaison
Déictiques
Démonstratifs

ELLIPSE
Facule discursive

JEU DE MOTS

HYPALLAGE

HYPERBOLE
HYPOTYPOSE
INCIDENTE

M
étaphore
MÉTONYMIE

OXYMORE
PARAGRAPHE
PARALLÉLISME
Parataxe
PARODIE
Pastiche
POÈME EN PROSE

Pointe
Polysyndète
PRÉPOSITION

RIME
RIME CONSONANTIQUE
RYTHME (PROSE)
SONNET
STYLE ORAL
SYNECDOQUE
SYNESTHÉSIE
TIRET
VERS
VERS LIBRE

Verset

ZEUGMA

VERS LIBRE : Un poème en vers libres est un poème qui ne présente aucune structure périodique régulière : ni vers mesurés, ni rimes, ni strophes. Cependant, il conserve certaines caractéristiques du vers : au minimum, la présence d’alinéas d’une longueur inférieure à la phrase, grâce à quoi le vers libre reste identifiable comme vers. D’autres caractéristiques rappelant la poésie régulière peuvent apparaître : une mise en page laissant respirer les blancs, la présence de majuscules en début de ligne, des échos sonores (certains vers-libristes maintiennent même pour l'essentiel le principe de la rime ou de l'assonance en fin de vers), des effets d’enjambement, des longueurs métriques variables mais repérables, des séquences de vers de dimensions variables séparées par un saut de ligne (simili strophes), etc.  

     Les Illuminations contiennent deux poèmes en vers libres : Marine et Mouvement

     Ce ne sont pas des poèmes en vers réguliers. Les deux textes se présentent comme une succession de courts alinéas, dont la longueur n’est pas réglée par une contrainte prosodique (un nombre de syllabes donné) mais par la syntaxe : chaque ligne correspond à un syntagme (groupe nominal sujet, ou groupe verbal, ou groupe circonstanciel, ou groupe nominal apposé, par exemple). Aucune rime n’est perceptible. Ce dispositif empêche de considérer ces textes comme des poèmes en vers réguliers. 

     Mais ce ne sont pas non plus des poèmes en prose comme les autres textes des Illuminations. Outre la segmentation verticale du poème, on observe que chaque ligne commence par une majuscule (comme dans un poème en vers), l’étude des rythmes fait apparaître des alexandrins blancs (Mouvement), des périodicités métriques partielles (comme celle des deux premiers vers de Marine : 2/2/3//2/2/3), des séquences séparées par des sauts de ligne qui constituent des sortes de strophes de longueurs inégales, des enjambements (Mouvement). Dans le manuscrit de Mouvement,  la mise en suscription de certaines fins de lignes, due à l’insuffisante largeur de la feuille sur laquelle le poème a été copié, est un procédé traditionnellement réservé à la poésie versifiée. 

     Michel Murat, qui a procuré une analyse minutieuse des deux poèmes dans son Art de Rimbaud (pages 437-462), montre toutefois que Marine reste très proche de la technique des « parallélismes surponctués » souvent utilisée par Rimbaud dans ses « poèmes alinéaires » (poèmes en prose composés de courts alinéas). La disposition en vers n’y est au fond qu’une présentation typographique optimale de ces parallélismes syntaxiques (voir dans ce glossaire l’article : « tiret »). Par contre, Mouvement  annonce le type de vers libres qui sera pratiqué au XXe siècle à partir d’Apollinaire et Cendrars, où la disposition irrégulière du poème (Aragon comparait le poème en vers libre à un peigne cassé) épouse et met en valeur la complexité rythmique de la phrase.  

 

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Bibliographie

Michel Murat, L’art de Rimbaud, Corti, 2002.