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Lexique des termes littéraires 

du site Lettres.org

Rimbaud, le poète (accueil)  > Glossaire stylistique

Alinéa
ALLÉGORIE
ALLITÉRATION
ANALOGIE

ANAPHORE
ASSONANCE
ASYNDÈTE
CÉSURE

CHANSON

CHUTE
Clausule
Comparaison
Déictiques
Démonstratifs

ELLIPSE
Facule discursive

JEU DE MOTS

HYPALLAGE

HYPERBOLE
HYPOTYPOSE
INCIDENTE

M
étaphore
MÉTONYMIE

OXYMORE
PARAGRAPHE
PARALLÉLISME
Parataxe
PARODIE
Pastiche
POÈME EN PROSE

Pointe
Polysyndète
PRÉPOSITION

RIME
RIME CONSONANTIQUE
RYTHME (PROSE)
SONNET
STYLE ORAL
SYNECDOQUE
SYNESTHÉSIE
TIRET
VERS
VERS LIBRE
Verset

ZEUGMA

TIRET : Petit trait horizontal qui, dans un dialogue, annonce un changement d’interlocuteur ou qui sert de parenthèse dans un texte. Vers 1830, l’usage du tiret s’élargit sous la plume des écrivains romantiques. Il devient un signe de ponctuation à valeur rythmique, servant à laisser respirer la phrase, à segmenter et scander le discours. Il se combine souvent dans ce rôle avec les autres signes de ponctuation : « Je suis le Ténébreux, — le Veuf, — l’Inconsolé, […] »  (Gérard de Nerval, El Desdichado).

 

UNE "POÉTIQUE DU TIRET" 

     Rimbaud fait un large usage du tiret, surtout dans Une Saison en enfer et dans Les Illuminations. Dans le premier de ces ouvrages, le tiret contribue à communiquer au lecteur une impression d’oralité : il scande les cris de souffrance du damné, sépare les voix dans le dialogue du narrateur avec lui-même, balise les volte-face qui émaillent le raisonnement … Dans Les Illuminations, le tiret sert souvent à séparer dans l’énoncé des membres de phrases remarquables par leur parallélisme syntaxique :

     Sourds, étang, Écume, roule sur le pont, et par dessus les bois; draps noirs et orgues, éclairs et tonnerres montez et roulez; Eaux et tristesses, montez et relevez les Déluges. (Après le Déluge)

     Michel Murat, qui a étudié ce procédé de style de façon détaillée dans son Art de Rimbaud (op. cit. p. 343-356, "Poétique du tiret"), le désigne par l’expression de « parallélisme surponctué ». Il en fait remonter la tradition à l’initiateur de la poésie en prose, Aloysius Bertrand (Gaspard de la nuit). Il y voit une façon de retrouver dans le poème en prose une forme de périodicité rappelant le vers (« Son usage dans le poème en prose, chez Bertrand et sa lignée, contribue à une mimésis indirecte du vers », op. cit. p.353). Il y décèle une étape vers l’invention du « vers libre » : « Ce procédé peut s’autonomiser et changer l’organisation spatiale, en basculant de l’horizontale à la verticale : il devient alors la matrice textuelle du vers libre » (op. cit. p.353).   

 

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Bibliographie

Michel Murat, L’art de Rimbaud, Corti, 2002.