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Alinéa
ALLÉGORIE ALLITÉRATION ANALOGIE ANAPHORE ASSONANCE ASYNDÈTE CÉSURE CHANSON CHUTE Clausule Comparaison Déictiques Démonstratifs ELLIPSE Facule discursive JEU DE MOTS HYPALLAGE HYPERBOLE HYPOTYPOSE INCIDENTE Métaphore MÉTONYMIE PARAGRAPHE PARALLÉLISME Parataxe PARODIE Pastiche POÈME EN PROSE Pointe Polysyndète PRÉPOSITION RIME RIME CONSONANTIQUE RYTHME (PROSE) SONNET STYLE ORAL SYNECDOQUE SYNESTHÉSIE TIRET VERS VERS LIBRE Verset ZEUGMA |
Au cours de sa brève période d'activité créatrice, Rimbaud s'est appliqué à renouveler radicalement la pratique du vers. L'audace et la virtuosité de ses initiatives dans ce domaine suffiraient à justifier la place éminente qui est désormais la sienne dans l'histoire de la littérature française. Animé par le désir de trouver "des formes nouvelles" (lettre à Demeny du 15 mai 1871), de se doter d'un instrument plus varié et plus souple que la traditionnelle mécanique du vers, le jeune poète a constamment cherché à s'émanciper des règles, notamment celles de la rime (dont nous ne traiterons pas ici : voir au mot RIME) et celles tenant à la mesure du vers (règles métriques). Cette tendance peut être vérifiée chaque fois que nous possédons plusieurs versions d'un même poème. Comme l'écrit Michel Murat : "les modifications vont presque toujours dans le même sens — vers l'incorrection" (op. cit. p.18). Ce constat vaut aussi bien pour les variantes de 1870 (cf. les exemples que nous citons à la rubrique CÉSURE) que pour les poèmes de 1872 repris en 1873 sous une forme différente dans Une saison en enfer (cf. les altérations du cadre métrique dans "L'Éternité"). Il faut cependant faire la différence entre deux phases successives dans l'évolution de la pratique rimbaldienne du vers. Dans une première phase, 1870-1871, on constate des écarts à l'égard de la norme, mais ces transgressions, même nombreuses, restent localisées (césures débordées, césures sur proclitique, césures lyriques, par exemple ; variations hétérométriques locales comme les deux octosyllabes de "Rêvé pour l'hiver", etc.). Les conventions de la langue des vers (nombre égal de syllabes, critères réglementaires de syllabation, structure binaire de l'alexandrin avec césure à l'hémistiche ...) sont pour l'essentiel respectées. Rimbaud reste un "poète correct" selon l'expression de Verlaine dans Les Poètes maudits : on pourrait presque dire qu'il se contente de s'inscrire dans une tendance libertine de la poésie moderne (Hugo, Baudelaire, Banville) en en radicalisant les procédés et en en faisant un usage plus intensif. Dans la seconde phase, 1872-1873, par contre, Rimbaud ne respecte plus le système établi. Il tente d'échapper de toutes les manières possibles aux contraintes de la métrique instituée. D'une part, il s'oriente de façon nette vers ce que Verlaine a appelé "le très et le trop simple", c'est à dire les "chansons" en mètres brefs, à la métrique souvent approximative, au "tour [...] si facile" (dit Rimbaud lui-même dans "Age d'or"). On ne trouve dans la production rimbaldienne de 1872-1873 que deux poèmes en alexandrins plus quelques poèmes dans d'autres mètres longs, à vers césurés (décasyllabes et hendécasyllabes). D'autre part, on constate une multiplication des infractions au code de la versification savante : vers incorrects soit par leur longueur anormale (dans les mètres brefs), soit par leur structure interne (affaiblissement ou négation de la césure dans les mètres longs). Il ne respecte pas d'avantage la rime (voir au mot RIME). C'est au point, dit Michel Murat, qu'"aux yeux d'un lecteur contemporain (et même d'un poète novateur comme Verlaine) "Mémoire", "Qu'est-ce pour nous mon coeur...", "Jeune ménage" ou "Bonne pensée du matin" devaient paraître complètement amétriques, à vous décourager de compter sur les doigts." (op. cit. p. 29). Il n'en va pas de même, ajoute ce critique, pour un lecteur d'aujourd'hui : "L'horizon d'attente qui règle l'appréciation des formes s'est profondément modifié, et les textes de Rimbaud ont contribué à ce déplacement : ils se sont rapprochés de nous. Certains poèmes restent à la limite de la métricité, mais dans l'ensemble le travail de 1872[-1873] nous apparaît aujourd'hui comme une refondation de la poésie versifiée. Il donne l'idée et l'exemple d'une versification plus souple, plus variable, plus naturelle dans le rapport qu'elle entretient avec la langue, mais qui reste gouvernée par un principe cyclique de récurrence." (op. cit. p.29-30). ____________________________________ Bibliographie
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