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Lexique des termes littéraires 

du site Lettres.org

Rimbaud, le poète (accueil)  > Glossaire stylistique

Alinéa
ALLÉGORIE
ALLITÉRATION
ANALOGIE

ANAPHORE
ASSONANCE
ASYNDÈTE
CÉSURE

CHANSON

CHUTE
Clausule
Comparaison
Déictiques
Démonstratifs

ELLIPSE
Facule discursive

JEU DE MOTS

HYPALLAGE

HYPERBOLE
HYPOTYPOSE
INCIDENTE

M
étaphore
MÉTONYMIE

OXYMORE
PARAGRAPHE
PARALLÉLISME
Parataxe
PARODIE
Pastiche
POÈME EN PROSE

Pointe
Polysyndète
PRÉPOSITION

RIME
RIME CONSONANTIQUE
RYTHME (PROSE)
SONNET
STYLE ORAL
SYNECDOQUE
SYNESTHÉSIE
TIRET
VERS
VERS LIBRE
Verset

ZEUGMA

CHANSON : À l’origine de la poésie française (XIIe – XIIIe siècle) le mot « chanson » (« canso » en occitan) désigne le type même du poème lyrique : un texte rythmé, rimé, exécuté avec accompagnement de musique. La chanson des troubadours et trouvères a pour particularités d’être une poésie strophique, comportant le plus souvent un refrain. Au XIXe siècle, les Romantiques et, après eux, les Parnassiens utilisent le terme pour désigner une poésie d’allure familière ou populaire, en vers courts, possédant strophes et refrain.

     Dans Alchimie du verbe, Rimbaud désigne sous le nom de « romances » les poèmes du printemps 1872 qu’il commente et reproduit : « Je disais adieu au monde dans d’espèces de romances ». Une romance est une pièce poétique simple et populaire, sur un sujet attendrissant, généralement conçue pour être chantée. Il en cite comme premier exemple Chanson de la plus haute tour
    
Dans Bannières de mai, autre poème du printemps 72, « des chansons spirituelles / Voltigent parmi les groseilles ». René Étiemble interprète l’expression « chansons spirituelles » comme une allusion de Rimbaud au style de poésie qu’il pratiquait à ce moment-là (Sur les "Chansons spirituelles", par René Étiemble, dans Revue de l'Université de Bruxelles, Lectures de Rimbaud, 1/2, 1982).
     Le terme "romances" est une allusion directe au recueil sur lequel travaille Verlaine au même moment : Romances sans paroles. Pierre Brunel a montré dans son Rimbaud, projets et réalisations (Champion, 1983, p. 117-148), que le printemps 1872 fut pour les deux amis une période d'expérimentation poétique concertée, en partie conflictuelle, sous le signe de la musique, du refrain populaire, de l'air d'opéra. 
     Plusieurs poèmes de cette période ont en effet les caractéristiques de la chanson : vers de cinq ou sept syllabes ; rimes souvent pauvres ; refrains ou autres formes de reprises (retour de la strophe initiale en fin de poème : L’éternité, Chanson de la plus haute tour, Fêtes de la faim; retour périodique d’un vers unique : Ô saisons, ô châteaux ; reprise en tête de strophes du même vers 1 et de la même métrique pour le vers 2 : Comédie de la soif - 1 ; reprise de la strophe 1 en strophe 6 et de la strophe 3 en strophe 5 : Âge d’or). Dans l’un des manuscrits d’Âge d’or, Rimbaud s’amuse à parodier dans la marge du poème les indications en latin qui, dans les livrets d’opéras, demandent aux chanteurs de répéter plusieurs fois la même partie de texte : « terque quaterque » (trois et quatre fois), « pluries » (plusieurs fois), « indesinenter » (indéfiniment, sans jamais s’arrêter).

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Bibliographie

René Étiemble, Sur les "Chansons spirituelles", Revue de l'Université de Bruxelles, Lectures de Rimbaud, 1/2, 1982
René Étiemble, Rimbaud, système solaire ou trou noir?, PUF, p. 20-27, 1984. Deux articles de ce recueil critique traitent de Chanson de la plus haute tour : Sur une "source" ou plutôt sur un "prétexte" "intertexte" de Rimbaud (p.13-17) et, partiellement, Sur les "chansons spirituelles", p. 28-46, reprise du précédent.
Jean-Michel Gouvard, La Chanson de la plus haute tour est-elle une chanson ? Étude métrique et pragmatique, Parade sauvage n°10, p.45-63, juillet 1994.
Benoît de Cornulier, La Chanson de la plus haute tour, entre poésie littéraire et chant traditionnel, Parade sauvage, Colloque N°4, 13-15 septembre 2002, pages 145-166, 2004.
Benoît de Cornulier, "Style métrique de chant. Exemples chez Baudelaire et Rimbaud", Parade sauvage "Hommage à Steve Murphy", octobre 2008, p. 231-253.