Alinéa
ALLÉGORIE
ALLITÉRATION
ANALOGIE
ANAPHORE
ASSONANCE
ASYNDÈTE
CÉSURE
CHANSON
CHUTE
Clausule
Comparaison
Déictiques
Démonstratifs
ELLIPSE
Facule discursive
JEU DE MOTS
HYPERBOLE
HYPOTYPOSE
INCIDENTE
Métaphore
MÉTONYMIE
OXYMORE
PARAGRAPHE
PARALLÉLISME
Parataxe
PARODIE
Pastiche
POÈME EN PROSE
Pointe
Polysyndète
PRÉPOSITION
RIME
RIME CONSONANTIQUE
RYTHME (PROSE)
SONNET
STYLE (RIMBALDIEN)
STYLE ORAL
SYNECDOQUE
SYNESTHÉSIE
TIRET
VERS
VERS LIBRE
Verset |
STYLE (RIMBALDIEN)
: En matière littéraire, le style est la façon d’écrire propre à
un auteur, qui rend ses textes reconnaissables. Le
style d’un écrivain est la résultante des choix qu’il opère parmi
les moyens d’expression que la langue met à sa disposition. Le
classement et l’étude de ces divers procédés relève d’une
discipline appelée « stylistique ». Parmi les choix
effectués, certains renvoient à la personnalité de l'écrivain dans
sa composante psychologique (son moi instinctif), d’autres relèvent
d’une posture socio-politique, se traduisant par l’adoption de tel
ou tel code littéraire, d’autres peuvent être considérés comme des
traits d’époque, comme des caractéristiques liées à un genre, etc.
Le tout se fond dans une indissociable unité, qui constitue
précisément "le style", ou —
comme il est de mode de dire aujourd'hui — l'"écriture" de
l'auteur.
Ceux
qui tentent de caractériser le style de Rimbaud utilisent souvent des termes voisins : brièveté, vivacité,
intensité.
Pour Verlaine, le
Rimbaud des Illuminations possède "une prose à lui, belle
s'il en fut, claire celle-là, vivante et sursautante, calme aussi quand
il faut." (ibid. p.976).
Albert
Thibaudet
crédite Rimbaud d' « une langue ardente, nue, efficace » (op.
cit. p. 483).
Paul Valéry décèle dans le style des Illuminations un
art de déjouer l'attente du lecteur par des associations de mots
(substitutions insolites, juxtapositions elliptiques) qui produisent
sur celui-ci "des effets de choc ou explosifs" (op.cit. p.871)
et possèdent un "remarquable pouvoir excitant". Le travail de
l'écriture, chez Rimbaud, viserait à atteindre ce que Valéry appelle
une "incohérence harmonique", c'est à dire une dissonance
sémantique que compensent "une bonne consonance musicale"
(ibid.) et une unité d'impression due à la capacité de ces
associations verbales de "produire à tout instant des effets de
sensation". Valéry, par contre, confesse dans ses Cahiers
(ibid.) : « Je ne vois pas de difficultés à écrire (par
exemple) la Saison en enfer. Ce ne sont qu’expressions
directes, jaculations, intensité. L’intensité des mots ne m’est
rien, ne porte pas sur moi » (les références sont empruntées à
l'article de Nicole Celeyrette-Pietri, op.cit.).
Jacques Rivière se dit fasciné par le rythme de la phrase
rimbaldienne : « La phrase, si courte
soit-elle, est possédée par un rythme qui la tient et la commande
comme un démon secret […], une cadence nette et bien formée, quelque
chose d’extrêmement réveillé » (op.
cit. p.206-207).
Suzanne
Bernard reconnaît
dans les Illuminations
le modèle du "poème en prose intense et rapide" (op.
cit. p.210) et Michel
Murat identifie ainsi ce qui fait « l’allure
la plus caractéristique du recueil : un style éruptif,
elliptique, intensément scandé » (op. cit. p. 432).
Cette énergie, qui pour tous semble
représenter la
marque de fabrique personnelle de Rimbaud, renvoie à
un tempérament (une vivacité d’intelligence ; un caractère impulsif,
impérieux), à
une posture socio-politique (une poésie du sarcasme, de la révolte, de
la transgression, profondément et durablement subversive), à un projet esthétique
d’époque (crise du lyrisme, remise en cause croissante des anciens modèles de la poésie versifiée et
de la prose oratoire).
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Bibliographie
Suzanne
Bernard, Le Poème en prose de Baudelaire à nos jours,
Nizet, 1959.
Nicole Celeyrette-Pietri, "Comment se défaire de Rimbaud
...!", Rimbaud vivant n°46, juin 2007, p.7-27.
Michel Murat, L’art de Rimbaud,
Corti, 2002.
Jacques Rivière, Rimbaud, Kra,
1930.
Albert Thibaudet, Histoire de la littérature française
de 1789 à nos jours, Stock, 1936.
Paul Valéry, Cahiers, t. XXVI, CNRS, 1957-1962.
Paul Verlaine, Oeuvres en prose, La Pléiade, 1972.
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