|
||||||||||||||
![]() |
||||||||||||||
EN LIBRAIRIE |
SUR LE SITE |
SUR LE WEB |
||||||||||||
Mars 2022 -
RHLF,
Les Illuminations de Rimbaud "à tous les airs",
Dossier réuni par Adrien Cavallaro.
Décembre 2021 -
Parade sauvage n°32
Octobre 2021 -
Rimbaud vivant N°60
28/10/2021 - Pierre Lemarchand, Patti Smith et Arthur Rimbaud, Le mot et le reste.
03/09/2021 -
28/07/2021
20/05/2020
15/04/2021 10/03/2021
17/02/2021
Octobre 2020 - Rimbaud vivant n°59. 18/09/2020 - Michel Arouimi, Rimbaud sur d'autres "horizons", Maeterlinck et Claudel dramaturges "voyants", L'Harmattan. 10/09/2020 - Jean-Jacques Lefrère, Rimbaud. Biographie, réédition, préface de Frédéric Martel, Bouquins. 09/09/2020 - René Guitton, Les 100 mots de Rimbaud, Que sais-je.
05/02/2020 - Parade sauvage 2019, n°30. 08/01/2020 - A.-R. Œuvres complètes I-II-III, GF. Réédition de l'édition en 3 tomes de J.-L. Steinmetz (1989). 17/12/2020 - Raymond Perrin, Rimbaud et la rimbaldo-fiction, L'Harmattan. 11/12/2019 -
Adrien Cavallaro,
Rimbaud et le rimbaldisme, XIXe-XXe siècles, Hermann.
23/10/2019 - 04/10/2019 - 04/09/2019 -Alexandre Blaineau, Les Chevaux de Rimbaud, Actes Sud. 13/08/2019 -
Rimbaud, Verlaine et zut - À la mémoire de
Jean-Jacques Lefrère, dir. Steve Murphy, Classiques
Garnier. 29/05/2019 - Richard Gaitet, Rimbaud Warriors, Paulsen. 03/04/2019 -
Revue Verlaine 2018 n°16, Classiques Garnier. 06/03/2019 - Parade sauvage 2018, n°29. 08/02/2019 - Frédéric Thomas, Rimbaud révolution, l'échappée. 10/01/2019 -
Arnaud Santolini,
Le Bateau ivre : Une fabrique du désordre, PUR,
Interférences. |
17/02/2022 - Sur l'article « Corbeaux et mémoire du sang », par Yves Reboul, Parade sauvage n°32, 2021, p. 135-170 (Bibliographie / Notes de lecture). L’article d’Yves Reboul « Corbeaux et mémoire du sang », récemment paru dans Parade sauvage n° 32, est remarquable par au moins deux aspects. D’une part, il présente une série d’intertextes très convaincants à l’appui d’une lecture politique des poèmes Les Corbeaux et La Rivière de Cassis. D’autre part, il expose au fil d’une argumentation érudite et serrée, une interprétation nouvelle du dernier sizain des Corbeaux, fort séduisante [...] Suite.
Après l'avoir un moment contestée, je me rends à la glose proposée par André Guyaux dans son édition de La Pléiade, concernant ce poème : Ce qui est “trop beau” (v. 5) ne devrait pas disparaître : la “Pêcheuse” et le “Corsaire” (v. 6), qui chante, incarnent cette nécessité de l'aurore. [1]. Mais
il manque un élément essentiel dans cette note trop
elliptique. On admet sans peine que la survenue de l'aurore
réponde à une « nécessité », quelle que soit la beauté de ce qui l'a
précédée, et qu'elle détruit. Mais en quoi Pêcheuse et Corsaire
sont-ils l'incarnation de cette nécessité ? Le glossateur,
visiblement, nous a laissé la responsabilité de compléter son
raisonnement. Eh bien ! essayons ! [...]
Suite. 15/11/2011 - Quelques signets dans Rimbaud de Clinchamps (Bibliographie / Notes de lecture).
Dans
Rimbaud de Clinchamps, Jean-Luc Steinmetz relève le défi
quelque peu oulipien de relire sa propre vie à travers les mots, les
formules, les situations, les confessions de Rimbaud dans Une
saison en enfer. Il se propose de vivre, dit-il, en compagnie de
ce livre intimement connu et vénéré, « une saison d'écriture
menée jusqu'au bout de moi-même » [...]
Suite
10/11/2021 - Sur l'entrée « Bonheur » du Dictionnaire Rimbaud / Alain Vaillant, 2021, p. 98-100 (Bibliographie / Notes de lecture).
. Au
centre de sa réflexion, Alain Vaillant place les deux
formulations légèrement distinctes de la maxime d'Alchimie du verbe : « [...] tous les
êtres ont une fatalité de bonheur ».
Il livre sur ce sujet controversé une synthèse claire, débouchant sur une
interprétation courageusement engagée de la clausule du
chapitre : « Cela s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la
beauté ». J'aurai une petite réserve concernant
l'argumentation d'Alain Vaillant mais, quant à sa
conclusion, je l'adopte tout entière et sans restriction
[...]
Suite
01/11/2021 - Le Père Goriot / Nuit de l'enfer (Florilège des sources).
Lorsqu'il signale l’épisode balzacien de l’agonie du Père
Goriot comme un modèle rhétorique susceptible d'avoir
intéressé Rimbaud, notamment dans Nuit de l'enfer,
C.-A. Hackett confesse « une certaine tristesse ». Il a
longtemps hésité, explique-t-il, à dévoiler au lecteur cette
source car « ce rapprochement soulève de nouveaux doutes à
l’égard de la sincérité de plusieurs passages d’Une
Saison en enfer […] peut-être un peu moins personnelle
et un peu plus littéraire que nous n’avions cru »
[...]
Suite 31/10/2021 - Sur l'interprétation d'Alchimie du verbe par Yann Frémy dans l'entrée Une saison en enfer du Dictionnaire Rimbaud, Classiques Garnier, 2021, p. 732-759 (Bibliographie / Notes de lecture). Est-ce le fait d'écrire pour un dictionnaire ou l'exercice d'un doute méthodique, Yann Frémy, dans son entrée Une saison en enfer du Dictionnaire Rimbaud, n'expose jamais une thèse sans indiquer la possibilité d'une solution différente, avec mention circonstanciée de ceux ou celles qui les défendent. D'où la richesse de l'article, sur le plan de l'information. On perçoit malgré tout assez bien le type d'approche obtenant sa préférence : celle qui décrit Rimbaud tournant sans fin dans son labyrinthe intérieur, sans en trouver l'issue [...] Suite
Yann Frémy a sous-titré l’un des recueils d’articles qu’il a dirigés : « Résistances d’Une saison en enfer ». De cette « résistance » herméneutique et de l’attrait qu’elle exerce sur les chercheurs, le volume récemment édité sous la direction d’Olivier Bivort, André Guyaux, Michel Murat et Yoshikazu Nakaji (Hermann, 2021), apporte une nouvelle preuve. Un bon tiers des dix-neuf articles rassemblés sont consacrés en tout ou en partie au livre de 1873 (contre un seul, par exemple, aux Illuminations). Je rends compte ici de trois de ces contributions : celles d’Éric Marty (« Mythe ou allégorie dans Une saison en enfer », p. 259-266), Yoshikazu Nakaji (« “Mon sort dépend de ce livre” : vie et art dans Une saison en enfer », p. 231-245) et Jean-Luc Steinmetz (« Rimbaud “mage ou ange” », p. 184-194) [...] Suite
Dans son entrée « Illuminations » (« Manuscrits ») du Dictionnaire
Rimbaud, comme je l'ai fait
remarquer dans mon compte rendu (05/03/2021), Michel
Murat ne discute pas l'argument n°1 en faveur d'une
pagination auctoriale des Illuminations, celui qui, personnellement,
entraîne mon
adhésion à cette thèse : l'argument fondé sur le processus
de constitution de la série Veillées. La question du
feuillet 18 ! J'y reviens ici, plus longuement.
[...] Suite
Tout est dans l’indéfini. Rimbaud dirige son éloge vers « une Raison » pour la distinguer de toutes celles que la tradition philosophique a appelées « la Raison ». En premier lieu, la Raison de Descartes et de la philosophie classique, raison confondue avec la Vérité du christianisme. Celle qui émerveille, dans sa naïveté, le « nègre » de Mauvais sang :
J'ai reçu au cœur le coup de la
grâce. Ah ! je ne l'avais pas prévu ! [...] 31/03/2021 - Sur une formule de Génie : « le brisement de la grâce croisée de violence nouvelle » (Anthologie commentée)
Les Illuminations,
selon Tzvetan Todorov, tournent le dos à toute représentation. Le recours
massif à l'abstraction, notamment, bloquerait chez le lecteur toute
possibilité d'identifier les êtres et les actions du texte. Les
termes abstraits sont effectivement omniprésents dans le recueil et Todorov n’a aucun
mal à en dresser une liste impressionnante. Que cet usage génère
des ambiguïtés,
c’est une évidence. Mais le critique objectif ne se contente pas de
noter l’obscurité — en l’exagérant beaucoup si possible — pour la
déplorer, il essaie d’en comprendre les raisons et d’en évaluer
la productivité sémantique et esthétique. [...]
Suite 11/03/2021 - Participes insolites des Illuminations. Sur la piste d'une exégèse pour le 4e alinéa de Scènes (Les Illuminations) Cela commence par une majuscule et cela finit par un point. Le seul verbe de la phrase est un participe présent. C'est l'une des scènes de Scènes :
La
plupart des commentateurs évitent de commenter et ceux
qui s'y risquent se contredisent. Je n'ai trouvé de tentatives de
traduction en langue courante que
chez Bruno Claisse, Pierre Brunel et Antoine Fongaro. Mais je résiste à la solution Claisse, consistant
à donner pour
sujet à « suivant » : « L'ancienne comédie », deux alinéas plus
haut, et à celle de Fongaro faisant de « suivant » une préposition,
qui rattacherait la phrase à « divise ses Idylles ».
Spontanément, je me rangerais plutôt derrière la prudente hypothèse
de Brunel : un implicite sujet « on ». Par ailleurs, est-ce dans les couloirs d'un théâtre ou
dans les rues d'une ville gagnée par la nuit que les choses se
passent ? Tout cela est bien
mystérieux ! Mais le plus mystérieux de tout, c'est cette phrase
bâtie autour d'un unique participe présent. Et ce n'est là qu'un
échantillon des insolites et fascinants participes des
Illuminations. [...]
Suite 06/03/2021 - Dictionnaire Rimbaud - Deux synthèses capitales sur Les Illuminations - II / « Herméneutique et poétique » par Adrien Cavallaro (Notes de lecture)
Dans l'étude
sur l'herméneutique et la poétique des Illuminations
qu'il insère dans le Dictionnaire Rimbaud des
Classiques Garnier, Adrien Cavallaro commence par dresser un
bilan critique de la tradition rimbaldienne. Il préconise
« la conjuration de tentations exégétiques
traditionnelles » et nous convie à « repousser les assauts
du démon de la
traduction, idéologique ou métaphysique, qui
fertilise sur le terreau des rapprochements autotextuels
internes (à l’échelle du recueil) et externes (à l’échelle
de l’œuvre) ». Puis, élargissant quelque peu la cible, il
appelle à « se défier des grilles de lecture doctrinales qui
pensent pouvoir « t[enir] le système» idéologique, comme des
scénarios critiques autotéliques anhistoriques ».
[...]
Suite 05/03/2021 - Dictionnaire Rimbaud - Deux synthèses capitales sur Les Illuminations - I / « Manuscrits » par Michel Murat (Notes de lecture)
Dans l'énorme et génial Dictionnaire Rimbaud
récemment publié aux éditions Classiques Garnier,
deux entrées
respectivement confiées à Michel Murat et Adrien Cavallaro sont
dédiées à la présentation d'ensemble des Illuminations. Celle de Murat,
« Manuscrits », occupe les pages 355-362. Celle de Cavallaro,
« Herméneutique et poétique », véritable essai qui
constitue, de loin, la plus longue notice du recueil, occupe
les pages 362-390. Ces deux importantes contributions
permettent de faire le point sur l'état présent des
connaissances et des opinions, en ce qui concerne le
recueil. Je rends compte ici de la première, où l'on
remarque quelques hypothèses nouvelles (émanant de l'auteur
ou avancées par d'autres, mais, dans tous les cas, validées,
validées en tant qu'hypothèses, ce qui est déjà beaucoup,
par son autorité). La seconde
viendra d'ici peu.
[...]
Suite 03/02/2021 - La phrase à rallonge de Promontoire (Anthologie commentée)
« Promontoire,
écrit Michel Murat, nous présente la construction la plus
extravagante du recueil » (2013, p. 282). Il ne fait aucun
doute qu'à première lecture, on s'égare dans ce poème
labyrinthique. Mais cette impression de
complexité a deux causes distinctes.
La première réside dans le caractère hétéroclite des énumérations, procédé destiné à faire
obstacle à
une représentation naïve et à provoquer la réflexion. La seconde
provient effectivement de la « construction »
syntaxique. Mais si la technique descriptive de
Rimbaud est « extravagante » (au sens où elle
divague de lieu en lieu et traverse le temps, des grands canaux de la Carthage
antique — qui n'ont jamais existé — à « la défense des côtes
modernes ») sa pratique syntaxique reste finalement
correcte. Même si, après une phrase initiale académique, il
s'amuse à en confectionner une seconde, interminable et
entortillée
[...]
Suite 26/01/2021 - Une note sur Nocturne vulgaire (Anthologie commentée) Aucune édition de Nocturne vulgaire ne reproduit fidèlement l'alignement à gauche du texte du poème, tel qu'on l'observe dans le manuscrit. Pierre Brunel (2004) fait apparaître quatre retraits avant tiret ; André Guyaux (2009) et Michel Murat (2013) n'en font apparaître aucun. Mais tous trois vont systématiquement à la ligne avant les quatre tirets correspondants. Autrement dit, ils sont unanimes à considérer que, comme l'écrit Guyaux, « le texte apparaît dans un paradigme de versets sans qu'on puisse déterminer l'alinéa. » (p. 969). Ils normalisent en conséquence la disposition du poème à partir de la phrase : « Ici, va-t-on siffler [...] ». Albert Henry (1998) proposait une autre solution. La discussion compliquée de ces problèmes de ponctuation serait d'ailleurs un peu byzantine si le choix opéré n'engageait parfois l'interprétation du texte. [...] Suite
Rimbaud, dans Vies, pour une fois, ne cache pas trop son jeu. Il pousse la complaisance jusqu’à indiquer sa principale source (ou cible) : « Je suis réellement d'outre-tombe, et pas de commissions. » (Vies III). Des emphases rimbaldiennes, il ne manque rien, en effet, dans la conclusion des Mémoires d’Outre-Tombe, là où Chateaubriand dresse le bilan de ses « trois carrières ». Ni le prophétisme apocalyptique : « Oui, la société périra … », ni l’égotisme exacerbé : « Des auteurs français de ma date, je suis quasi le seul qui ressemble à ses ouvrages : voyageur, soldat, publiciste, ministre …», ni la satisfaction de l'œuvre immense accomplie : « Grâce à l’exorbitance de mes années, mon monument est achevé ». L'unique trait par lequel Rimbaud s’élève au-dessus de son prédécesseur, c’est que le lieu de sa création est « cerné par l’Orient entier » quand Chateaubriand n'aperçoit l’Orient que dans la direction du soleil levant :
Ah ! Si ... ! J’allais oublier ! Rimbaud dépasse encore son modèle par un second trait, qui n’est pas dénué d’importance : lui, à vingt ans révolus, il est « réellement » d’outre-tombe. [...] Suite
Chacun
convient de la présence de thèmes récurrents dans Les
Illuminations. Et mon hypothèse est que Rimbaud,
lorsqu’il s’est attelé à la mise au net de son manuscrit, s’est aperçu que ces thèmes, idoinement combinés et ordonnés,
pouvaient évoquer un parcours de vie ressemblant au sien.
Quels sont ces thèmes ?
Dans le tableau ci-dessous, j’en propose
neuf : la méditation sur la vie, l'aventure poétique, le
nouvel amour & les nouveaux corps amoureux, l'entreprise
harmonique, de ville en villes, tableaux animés, scènes de
rêve, « Nos horreurs économiques », l'érotique de la force..[...]
Suite 11/01/2021 - Scènes (Anthologie commentée)
Scènes est un bon exemple de ces
« applications de calcul » par quoi Rimbaud définit dans Solde
son art poétique. Face à un texte aussi piégeux, où tout un arsenal
linguistique est déployé dans le noble but d'exercer l'ingéniosité du
lecteur, une part de subjectivité dans l'interprétation est inévitable.
Dans un article de 2013, Antoine Fongaro commente ainsi les « fantômes du futur luxe nocturne » de Vagabonds : Faut-il voir dans ce « luxe nocturne » la revanche imaginaire du vagabond pauvre que fut le jeune Rimbaud ? En tout cas, le syntagme « du futur luxe nocturne » ne révèle rien de ce qu’étaient les « fantômes » de la rêverie de Rimbaud. Bien plus, le troisième paragraphe commence par une sorte de dérision de la rêverie qui vient d’être si brièvement évoquée. [...] Suite
Rimbaud aime donner un tour mystérieux à ses phrases. Dans ce but, il a souvent recours à l'ellipse. Cf. la dernière phrase de Veillées III. Mais il pratique aussi la suite interminable de syntagmes plus ou moins désaccordés, les liaisons temporelles déroutantes et les connecteurs logiques illogiques. Cf. la seconde phrase de Fairy. La dernière phrase de Ville en est un autre exemple. Cette phrase à rallonge et à tiroirs est compréhensible et syntaxiquement acceptable, mais elle paraît étrangère à la norme linguistique :
[...] Suite
On n’en finirait pas d’énumérer toutes les incertitudes et conflits de lecture ayant pour origine l’écriture elliptique des Illuminations. La fin de Veillées III en est un bon exemple. La dernière phrase est séparée du corps du texte par une ligne en pointillé :
...................................................................................
La préposition « après » qui introduit le second paragraphe de Fairy a quelque chose d'incongru. Et les commentaires que le phénomène a inspirés ne sont pas convaincants. Pierre Brunel paraphrase ainsi :
Le poème en prose de Rimbaud utilise massivement le symbole,
c’est-à-dire l’image qui, contrairement, à la métaphore
proprement dite (le « pavillon en viande saignante » par
exemple) n’est pas fondée sur la comparaison entre deux
choses mais constitue la représentation concrète d’une idée.
Mais il y a symbole et symbole. 10/12/2020 - « Ô la face cendrée...» (Anthologie commentée)
Deux
phrases nominales exclamatives. Après un « Ô » dont toute la
question sera de savoir quel sentiment précis il exprime, la
première de ces phrases énumère trois parties d'un corps, La
suivante y ajoute un quatrième élément, de signification
érotique cryptée peu mystérieuse, complété d'une proposition
relative qui ouvre autour de la scène évoquée un large et
bucolique décor d'« arbres » qu'agite un « air léger ». 03/12/2020 - Being Beauteous (Anthologie commentée)
Poème-bloc,
Being
Beauteous compte cinq phrases. Plus courtes,
la première (une nominale détachée) et la dernière (d'allure
exclamative) assurent une sorte d'encadrement.
Parmi les reflets lumineux qui dansent comme des fantômes sur les murs du salon, Longfellow voit s’approcher de lui, d’un pas lent et silencieux, un « Être de Beauté » : celle qui l’a quitté et qui est maintenant une sainte au paradis. Rimbaud raconte tout à fait autre chose dans Being Beauteous, qui a davantage à voir avec les deux autres poèmes du f°7 des Illuminations (Antique et « Ô la face cendrée...»), et je suppose que, pour lui, tout le sel du titre était là. [...] Suite
Fairy, poème des Illuminations, commence par le paragraphe suivant : « Pour Hélène se conjurèrent les sèves ornamentales dans les ombres vierges et les clartés impassibles dans le silence astral. L'ardeur de l'été fut confiée à des oiseaux muets et l'indolence requise à une barque de deuils sans prix par des anses d'amours morts et de parfums affaissés. » Suzanne Bernard la première (semble-t-il), en 1961, et à sa suite la plupart des commentateurs, ont vu dans ces lignes un très probable écho du poème d'Edgar Poe To Helen (poème de 1831, légèrement retouché en 1845, et traduit par Mallarmé sous le titre Stances à Hélène). [...] Suite
La critique rimbaldienne a établi depuis longtemps que le vaudeville de Scribe et Dupin intitulé Michel et Christine, représenté pour la première fois, à Paris, au Théâtre du Gymnase-Dramatique, le 3 décembre 1821, est l'ouvrage auquel Rimbaud a emprunté le titre de son poème homonyme et auquel il fait allusion dans Alchimie du verbe quand il écrit : « un titre de vaudeville dressait des épouvantes devant moi ». Elle a traditionnellement attribué au poète, dans la reprise de ce titre, une intention parodique (une parodie du genre de l'idylle). Quant à trouver dans la pièce de Scribe une éventuelle source d'épouvante ... [...] Suite
Dans son livre Autour de Rimbaud (Klincksieck, 1967), C.-A. Hackett consacre un article à Being Beauteous, dans lequel il démontre que Rimbaud a plus que vraisemblablement emprunté le titre de cette Illumination au poème de Henry Longfellow Footsteps of Angels, issu du volume Voices of the Night (1839). Tout prouve, ajoute-t-il, que Verlaine et Rimbaud ont lu ce poète américain qui, de leur temps, jouissait d'une grande notoriété. « C'est chez Longfellow, et dans l'une des éditions de Voices of the Night, que Verlaine avait trouvé une première épigraphe — le vers « It rains, and the wind is never weary » — pour son ariette Il pleure dans mon cœur » (p.85). À la suite de quoi, Hackett signale que Rimbaud aurait bien pu s'inspirer pour son poème Villes [II] de The Belfry of Bruges et Nuremberg, textes de 1845 du même auteur. [...] Suite
Pour Hélène « se conjurèrent » tous les rois de la Grèce. Mais pour cette Hélène-ci, qui est un être féerique (au sens de l'adjectif « fairy »), pour lui donner naissance probablement, c'est toute la nature qui s'est jointe au complot. Ce furent d'abord les « ombres vierges » de la terre printanière, que fécondent les « sèves » et qui s'orne de leurs fruits ; le ciel avec ses « clartés impassibles » et son « silence astral ». La nature, cependant, perdit beaucoup de son charme avec « l'ardeur de l'été » qui rend les « oiseaux muets » et génère une « indolence » dont le poète a « confié » l'évocation à « des anses d'amours morts et de parfums affaissés ». C'est-à-dire à la nappe d'eau stagnante où vient s'enliser « une barque de deuils sans prix » (« sans prix » parce c'est de l'amour, des « amours morts », qu'elle porte le « deuil »). [...] Suite
Ornières
pourrait n'être qu'un beau spécimen de prose descriptive si le texte ne
se chargeait progressivement d'une dimension symbolique,
qui s'ébauche
au début du texte dans le contraste entre « l’aube d’été »
(« à droite ») et « l’ombre
violette » des « talus de gauche » (ces
« talus » particulièrement prisés par Rimbaud
comme postes d'observation de paysages allégoriques, voir Mystique).
Aussi « étonnants » que soient ces « carrosses anciens
ou de contes », détalant « au grand galop », et les vingt attelages respectifs du
cirque et des petits comédiens, on reste dans le registre de la chose vue.
Même s'il est possible que l'auteur n'ait rien vu, à
proprement parler, de tout cela et que
seules les « ornières » du titre aient lancé son imagination
dans ce « défilé de féeries ». [...] Suite 19/11/2020 - Guerre (anthologie commentée) Le propos de Guerre est exposé dans un langage très abstrait, où les termes employés sont parfois à prendre à double sens, ou à comprendre dans un sens un peu différent de celui qui est le leur habituellement. Deux paragraphes : une brève conclusion précédée d’un bloc de trois phrases séparées par deux tirets, respectivement dédiées au passé (« Enfant...»), au moment présent (« À présent…»), et à l’avenir (« Je songe à une Guerre...»). Mathématiquement parlant, une « phrase musicale » est le résultat des choix opérés, à chaque moment du processus de composition, parmi toutes les combinaisons de sons qui étaient possibles. De la même façon, le jeune homme de vingt ans qu’est Rimbaud en 1874, lorsqu’il s’interroge anxieusement sur son avenir, fait face à un nombre infini de possibles (« l’infini des mathématiques »), une perspective infinie de choix à opérer dont la somme fera finalement de sa vie quelque chose d’« aussi simple qu’une phrase musicale » [...] Suite
Le manuscrit de Jeunesse
a une allure disparate. Jeunesse I et II sont calligraphiés
dans cette écriture ronde que l’on considère antérieure à la graphie
dextrogyre de l’ultime campagne de transcriptions. Jeunesse I
a été copié à la suite de Génie sur un papier bleu puis
découpé (cf.
le dossier de ce site sur
Les Illuminations manuscrites), les trois autres sections sur le
papier blanc de 15 x 20 cm (non-vergé) qui a servi pour plusieurs poèmes
transcrits en écriture ronde. Jeunesse III et IV sont d’une
écriture différente et de copie sans doute ultérieure.
Le titre Jeunesse (dont l’écriture rappelle celle d’Enfance)
et les numéros de section en chiffres romains ont été ajoutés
tardivement à des poèmes d’abord autonomes et possédant (pour trois
d'entre eux) leur propre
titre. Le n° « IV », devant le titre Jeunesse, est celui sous
lequel le poème a été publié chez Vanier en 1895. Il n’est pas
impossible qu’il émane de Rimbaud, comme le titre de la série.
Constater cette construction progressive ne revient nullement à nier
la cohérence de la série. Illustrant le titre Jeunesse,
l’ensemble des poèmes se réfèrent à un présent (que l’un des textes
date même explicitement des vingt ans de l’auteur), en l’opposant à
un passé diversement jugé. Ils partagent une allure dialogique (Rimbaud y dialogue avec lui-même) et un
angle de vue métapoétique : le moment présent est défini par le travail
d'écriture qui s’y déroule ou s'y projette, allusion probable aux Illuminations elles-mêmes,
à moins qu'il ne s'agisse du livre futur.
[...] Suite 17/05/2020 - L'impossible (anthologie commentée).
Situé juste après les deux Délires,
L'impossible initie la série de textes délibératifs
et volontiers philosophiques sur lesquels s'achève Une
saison en enfer. Dans L'impossible, les
sophismes de la métaphysique et de l'idéalisme, Descartes,
Hegel et autres, sans oublier les doctrines orientales de
"l'éveil", n'échappent pas à la verve très
érudite, quoique très allusive et lapidaire, de l'auteur.
Dans sa lettre à Ernest Delahaye dite de Laïtou, Rimbaud définit l'œuvre à laquelle il s'attelle en ces mois d'avril-mai 1873 comme une série d'"histoires atroces", "à inventer" (et non une autobiographie). On retrouve ce terme d'"histoire" au début du chapitre Alchimie du verbe : "À moi. L'histoire d'une de mes folies". Dans cette même lettre, Rimbaud demande à son copain de lui procurer le Faust de Goethe. Il a sans doute vu dans le mythe du satanique docteur, et dans mille histoires pareilles de grands génies détruits par la démesure de leur ambition, mises en circulation par le romantisme, un modèle intéressant à transposer pour évoquer sa trajectoire imprudente et superbe. Mais on doute qu'il en ait vécu les périls avec l'intensité dramatique qu'il introduit, entre deux ironies, dans la très véridique relation de sa crise maniaque. Sous le Rimbaud tragediante d'Alchimie du verbe se cache un Rimbaud ludens. [...] Suite
Que "tous les êtres" soient destinés au bonheur, on veut bien le croire. Mais où Rimbaud veut-il en venir, dans Alchimie du verbe, quand il détourne ce proverbial et pieux mensonge par l'emploi d'un mot aussi sinistre que "fatalité" ? En appliquant littéralement à sa formule la définition de la "fatalité" donnée (ci-dessus) par le dictionnaire, nous pourrions obtenir la paraphrase suivante :
Étrange paradoxe ! Pourtant, une fois n'est pas coutume, tous les commentateurs interprètent à peu près de la même façon cette énigmatique maxime [...] Suite
En insérant plusieurs de ses poèmes dans Alchimie du verbe, comme autant de symptômes de sa "folie", Rimbaud les a passablement modifiés. Mais dans quel but ? Est-il possible de déceler dans ces remaniements un objectif bien défini, une idée générale suivie avec constance ? "Il ne va pas de soi, écrit Michel Murat dans un article de 2009, que les variantes présentent une cohérence d'ensemble." Cette opinion semble faire consensus aujourd'hui mais, personnellement, je n'y adhère pas. André Guyaux, en 1984, écrivait à ce propos : "Je ne crois guère à l'adaptation des poèmes aux besoins d'Alchimie du verbe, auxquels ils sont adaptés d'avance." Que voulait-il dire par là ? Que les caractéristiques de ces poèmes les exposaient d'avance au genre d'ironie dont les accable leur auteur dans Alchimie du verbe ? Si tel était le sens de sa remarque, nous sommes d'accord... sauf que, manifestement, dans le genre : "expression bouffonne et égarée au possible", Rimbaud pensait pouvoir faire mieux. Et c'est ce à quoi il s'est employé. [...] Suite
Le feuillet 18 occupe une place stratégique dans le débat sur la pagination des manuscrits des Illuminations. Dans son article de l'an 2000, "Les Illuminations manuscrites", Steve Murphy en fait la pièce centrale d'un scénario de genèse de la série Veillées qui, si on y adhère, conduit nécessairement à l'attribution de cette pagination à Rimbaud. Chez les adversaires de cette attribution, c'est cette même question du feuillet 18 qui concentre les objections et suscite les scénarios alternatifs. On peut résumer de la façon suivante les termes du débat : [...] Suite
|
29 janvier 2021 - Revue italienne d'études françaises n°11 : « Les traductions de Rimbaud », Fabula (les articles sont en ligne).
Novembre 2021 - Nieves Arribas et Olivier Bivort, Les traductions espagnoles d'Une saison en enfer à l'épreuve de l'oralté, Revue italienne d'études françaises. 31/10/2021 - Exposition : « Rimbaud - Ménélik », hôtel littéraire Arthur Rimbaud, Paris, du 25/11/2021 au 25/01/2022. 27/10/2021 - Charleville s'offre un portrait de Rimbaud du peintre Fernand Léger, L'Ardennais. 24/10/2021 - Exposition : Germain Nouveau, « le mendiant étincelant », par Alain Paire, La Marseillaise. 19/10/2021 - « Haji Jabir parle avec l'Abyssinienne de Rimbaud », par Nadia Haddaoui, Médiapart. 17/08/2021 - « Le poète illuminé, Germain Nouveau », film-annonce, ActuaLitté. 25/06/2021 - David Ducoffre, Sur les manuscrits des « Illuminations », un sort définitif fait ici à la pagination !!!, blog Enluminures (painted plates). 28/05/2021 - Sylvain Tesson parle de Rimbaud chez Radio-Classique (12:41). 15/05/2021 - Pouvoir : Dans les coulisses de la guerre sans merci autour de la panthonéisation de Rimbaud et Verlaine, Rédaction de Vanity Fair. 10/05/2021 - Frédéric Thomas, Un programme poétique pour la Commune de Paris, lundimatin#287. 12/04/2021 - Frédéric Thomas, Rimbaud à l'heure de la Commune, Libération. 07/04/2021 - Et à l'aurore..., captation et montage Christelle Pinet (vidéo, 6:43) 22/03/2021 - Jacques Bienvenu, Précisions sur la présence de Rimbaud et Germain Nouveau à Charleville en janvier 1875, blog Rimbaud ivre. 27/02/2021 -
David Ducoffre,
"N'oublie pas de chier sur le Dictionnaire Rimbaud si
tu le rencontres..." (partie 1 : contextualisation),
blog Enluminures (painted plates).
21-24/12/2020 -
Notre besoin de Rimbaud. Les Illuminations, lues par
Bertrand Belin. Entretiens avec
Alain Borer,
Pierre Michon et Yves Bonnefoy,
Patti Smith,
Ernest Pignon-Ernest et Jean-Luc Barré. L'heure bleue,
France-Inter.
22/10/2020 - Jean-Claude Leroy, Le violoniste improvisateur et acteur Yves Teicher visite Une saison en enfer, Club Médiapart. 21/10/2020 - Adrien Legendre, présentation vidéo de la lettre de Régamey, L'ardennais (1:44). 09/10/2020 - Didier Sandre, Frédéric Thomas, "Du Rimbaud de Claudel au poète de L'Orgie parisienne", La Compagnie des poètes, France Culture (58').
13/09/2020 - Sylvain Tesson, "Un été avec Rimbaud",
France-Inter,
le replay.
02/08/2020 - Circeto, "Rimbaud : Michel et Christine (la suite)", blog Rimbaud était un autre. 21/06/2020 - David Ducoffre, La charité, vertu théologale dans la prose liminaire d'Une saison en enfer, blog Enluminures.
08/05/2020 -
Daniele Carluccio,
Inactualité de Rimbaud, Hermann [c.r. de Rimbaud et
le rimbaldisme d'Adrien Cavallaro].
09/03/2020 - Hugues Fontaine,
02-05/03/2020
-Cycle
Rimbaud sur France-Culture 03/03/2020 - Alain Borer, Le suicide de Rimbaud, conférence prononcée dans le cadre du cours d'Antoine Compagnon au Collège de France "Fins de la littérature". 23/02/2020 - Hervé Bismuth, Compte rendu de Adrien Cavallaro, Rimbaud et le Rimbaldisme, XIXe-XXe siècles, site de l'ERITA. 21/12/2019 - David Ducoffre, Pour clarifier le débat sur la pagination des Illuminations, blog Enluminures (painted plates). 18/12/2019 - Jacques Bienvenu, La lettre de Rimbaud du 18 avril 1874 et quelques commentaires d'actualité sur les "Illuminations", blog Rimbaud ivre. 07/12/2019 - David Ducoffre, Retour sur la pagination des Illuminations, démenti formel du consensus actuel, blog Enluminures (painted plates). 12/11/2019 - Yann Frémy, "Il faut être absolument moderne", colloque "Qu’est-ce que la modernité en art ?" (vidéo, 33:12)
09/09/2019 - Renaud Lejosne-Guigon : Paresse et surrection des corps rimbaldiens (c.-r. Rob. St-Clair), Fabula.14/08/2019 - Charleville-Mézières : les fresques des poèmes de Rimbaud poussent comme des champignons, FR3.11/08/2019 - Les patrons de L'Univers proposent à Patti Smith de racheter leur bar, L'Ardennais. 05/07/2019 - Jacques Bienvenu, Un punch chez Barbadaux, blog Rimbaud ivre.
18/06/2019 -Jacques Bienvenu,
La lettre du 16 avril 1874 et la transmission des Illuminations,
blog Rimbaud ivre. 26/05/2019 - Jacques Bienvenu, L'énigme des trois photographies inédites qui seraient prises par Rimbaud, blog Rimbaud ivre. 14/05/2019 - Découvrez ces photos inédites prises par Arthur Rimbaud en Ethiopie, France 3 Grand Est. 09/04/2019 - Mathieu Jung, "Rimbaud-Verlaine, Une somme poétique" (CR de AR-PV, Un concert d’enfers. Vies et poésies, Quarto, 2017), Acta fabula.05/04/2019 - Denis Lavant et André Guyaux parlent (entre autres) de Rimbaud, La Compagnie des poètes, France-Culture (59').
03/04/2019 - Christine
Barros,
Collections Aristophil à Drouot, ActuaLitté.
|
||||||||||||
ÉCOUTER RIMBAUD EN LIGNE, dit ou chanté par ... |
||||||||||||||
|
||||||||||||||
|